Dérapage incontrôlé en Loire-Atlantique

L'économie n'est pas une science exacte. On gagne souvent mais on perd parfois. » Les responsables de l'action économique au département de Loire-Atlantique adoptent un profil bas sur le dossier Venturi. L'implantation, en 1991, du dernier constructeur français de voitures de luxe s'est en effet transformée en cauchemar pour le département, avec la liquidation judiciaire de la société MVS Venturi, prononcée par le tribunal de Saint-Nazaire en février dernier. Après la reprise des actifs par un importateur thaïlandais, il ne reste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de salariés dans l'usine de Couëron, près de Nantes, sur les 200 emplois escomptés au départ. Le conseil général de Loire-Atlantique, qui était alors présidé par Charles-Henri de Cossé Brissac, n'avait pourtant pas lésiné sur les moyens, en 1990, pour attirer cette entreprise prometteuse qui souhaitait quitter le département voisin du Maine-et-Loire. Principal investissement : une piste d'essai d'un coût global de 12,38 millions de francs, financés à hauteur de 11,5 millions de francs sur fonds publics, dont 8,25 millions de francs pour le seul département. Le conseil général avait également contribué pour 1,5 million de francs à l'achat et à la réhabilitation du bâtiment appelé à abriter l'entreprise, dont le coût total s'est élevé à 9,6 millions de francs, financés à 60 % sur fonds publics, si l'on prend en compte les contributions de la commune de Couëron, de la Région Pays de la Loire et la participation de l'Union européenne via le Feder. « En résumé, notait en septembre 1995 la chambre régionale des comptes, l'implantation de MVS Venturi a entraîné une dépense de 22 millions de francs, dont 10 ont été financés par des fonds d'origine départementale. » Une piste d'essai sur les bras. Il faut croire que les moyens mis en oeuvre n'ont pas été suffisants, puisque MVS Venturi n'a jamais réussi à développer son activité, en dépit du succès d'estime dont bénéficiaient ses voitures dans le petit monde de la compétition automobile. L'arriée aux commandes, fin 1993, d'un professionnel incontesté, Hubert O'Neil, n'a pas foncièrement modifié la donne. Et l'entreprise, qui perdait de l'argent chaque année, n'est jamais parvenue à dépasser les soixante emplois qu'elle comptait à son arrivée. Fin 1995, la société MVS a dû déposer son bilan et a finalement été placée en liquidation judiciaire début 1996. Les collectivités locales en sont donc pour leurs frais et se retrouvent avec une piste d'essai sur les bras. « La piste de Fay-de-Bretagne a été construite au moment de l'arrivée de Venturi, mais avec un objectif qui allait bien au-delà », explique-t-on aujourd'hui au conseil général. « Il y a maintenant de nouveaux utilisateurs, dont l'école nationale de la police, et nous comptons développer son animation. » Cela n'a pas empêché la chambre régionale des comptes de s'interroger sur le bien-fondé de cette action : « Cette intervention, dans un secteur d'activité, celui des automobiles de sport et de luxe, exposé à un fort risque économique, amène donc des interrogations, portant tant sur sa régularité, que son impact économique, au regard de l'apport important de fonds publics »... Philippe Dossal, à Nantes
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