Ford, ses cols blancs, sa « cyberclasse »

Par latribune.fr  |   |  526  mots
Chez Ford, les cadres retournent a l'université. Ou plus exactement, c'est l'université qui vient à eux, via le multimédia. Quel que soit le site de production où ils se trouvent, ces cadres peuvent suivre depuis leur bureau des cours sur mesure dispensés pour eux par des pontes de l'université de Wayne. Ce n'est pas tant le programme que son mode de transmission qui frappe : l'enseignement à distance (distance learning) semble en effet être passé brutalement de la préhistoire à l'âge digital. A l'heure de la classe, les cadres en stage de formation allument leur ordinateur (lui-même connecté à un ordinateur PS/2-TV d'IBM) et se branchent sur le cours programme. Ils peuvent caler l'image de leur professeur dans un coin de l'écran (tout en l'écoutant avec un casque audio pour ne pas gêner leurs voisins) et prendre des notes sur leur traitement de texte. Ces cours sont résolument interactifs : à tout moment, le professeur peut adresser des questions à ses lointains étudiants ou leur donner un test à faire sur-le-champ. La transmission interactive lui permet de recueillir les résultats de ce « cyberexamen » en un temps record et d'évaluer le degré de compréhension de sa « cyberclasse ». Et l'interactivité fonctionne bien sûr dans les deux sens : s'ils ont une question, les étudiants peuvent la poser « en direct » en pianotant sur leur clavier (non sans avoir « levé la main » en actionnant un bouton d'appel sur ce même clavier. Le professeur saura ainsi immédiatement qui s'adresse a lui). Résultats optimisés. Pour Ford, cette formation multimédia - ou cette adaptation du multimédia à la formation, comme on voudra - présente d'énormes avantages. Le premier d'entre eux semble être une nette amélioration des résultats obtenus en cours. On estime chez le fabricant d'automobiles que les notes reçues par les cadres a l'issue de cet enseignement électronique à distance seraient supérieures de 20 % à celles des étudiants qui ont suivi le même programme, mais en classe. Les avantages de cette formule ne s'arrêtent d'ailleurs pas là : alors que dans une salle de classe le professeur pourrait s'adresser à trente élèves maximum, rien ne l'empêche désormais de dispenser son enseignement à une centaine de cadres. Le constructeur d'automobiles observe en outre que la ponctualité est bien mieux respectée : il est vrai que, n'ayant qu'un geste a faire pour brancher leur PC sur l'« amphi », les « cyberétudiants » n'ont plus beaucoup d'arguments pour excuser leur retard. Substantielles économies. Enfin, cet enseignement électronique permet de réaliser de belles économies. L'équipement (un ordinateur PS/2-TV à 500 dollars, un contrôleur de site et un clavier spécial) et le prix de la connexion (60 dollars de l'heure) sont vite amortis. Et les cadres-étudiants économisent chacun près de 30 heures de déplacements par an en allers-retours a l'université. Nombre d'entre eux reconnaissent qu'ils n'auraient pas eu le temps de se préparer pour ces diplômes s'ils avaient dû se rendre a la fac. Mais l'avenir s'annonce encore plus révolutionnaire, puisque les cadres en formation pourraient tout aussi bien recevoir les cours chez eux. O. P.-M.