Le pôle « santé-beauté » de la région Centre - les spécialistes locaux du développement préfèrent parler d'un pôle « des sciences et techniques du vivant » - compte parmi ses plus beaux fleurons des sociétés telles que le groupe castrais Pierre Fabre installé à Gien (Loiret), une unité du groupe Sandoz près d'Orléans, Wyeth France, Neutrogena en Loir-et-Cher ou le groupe Pfizer à Amboise (Indre-et-Loire). Née de la vague des délocalisations de la région parisienne des années 70, cette concentration, est très spectaculaire dans la vallée de la Loire, de Gien à Tours. Elle constitue d'ailleurs la seule réalité industrielle émergente de ce fameux « axe ligérien » dont on attend qu'il structure l'économie régionale. Volonté commune. « L'environnement est très favorable, explique Roger-Vincent Bathie, président du Grepic (Groupement des industriels de la pharmacie de la région Centre), la main d'oeuvre est ici très bien formée et très rigoureuse sur le plan du respect des règles de sécurité et d'hygiène. En second lieu, tout le monde, y compris les politiques, jouent le jeu. » 'est ce que l'on confirme au conseil général d'Indre-et-Loire : « Indiscutablement, il y a une volonté politique commune au Loiret, au Loir-et-Cher, à l'Indre-et-Loire et à l'Eure-et-Loir à traiter prioritairement les dossiers qui ont trait à l'industrie de la santé. Cette stratégie est payante, y compris en période de crise. On le voit bien aujourd'hui, puisque certaines fermetures de site sont immédiatement compensées par des installations nouvelles. » Ainsi, à Monts, près de Tours, l'unité Rhône-Poulenc (370 salariés), promise à l'abandon, a été conjointement reprise par les laboratoires Astra et le façonnier Biophélia. Quant à Pfizer, qui ne possède plus que trois unités en Europe, il s'apprête à investir 100 millions de francs sur son site d'Amboise. D'autre part, soulignent les spécialistes du développement économique, tant l'existence de grands plateaux hospitaliers à Tours que l'activité de grands centres de recherche - l'Inra, le CNRS, l'Inserm - contribue à la formation d'un « climat propice ». Peu de synergie. Toutefois, les mêmes observateurs notent que les « synergies ne sont pas évidentes à mettre en place ». Ainsi, si les industriels de la santé en région Centre réunis au sein du Grepic réussissent à entretenir des relations suivies, le bilan est moins positif en matière de transfert de technologie. Hormis quelques expériences pilotes - tel l'essaimage de certaines activités de bio-industries réalisées par l'Inra -, rien n'a vraiment percé à ce jour. « Il manque une locomotive, souligne Daniel Méchaussie. Il nous faudrait une structure forte qui puisse entraîner dans sa propre dynamique tous les acteurs de ce pôle santé. » L'échec de la création et de la décentralisation en Touraine de l'Institut des sciences et techniques du vivant, qui devait rassembler toutes les activités de recherche dans ce domaine, a sans doute constitué une occasion manquée... Enfin, souligne cet industriel, ex-cadre d'un grand groupe pharmaceutique présent en région Centre, « si les décideurs économiques sont prêts à tout faire po faire venir des multinationales japonaises et américaines, ils rechignent à soutenir la création d'une PME-PMI ». Lui-même a dû se résoudre à créer son activité industrielle (60 emplois) dans le sud de la France après s'être fait éconduire dans le Loiret et en Indre-et-Loire. Il n'y a guère qu'en matière de formation que des passerelles sont jetées entre les industriels et leur environnement. Aux formations dispensées à Tours par l'Institut français du médicament (du BEP au DUT), se sont en effet ajoutés des certificats industriels délivrés par la faculté de pharmacie de Tours - les industriels y dispensent mille heures de cours par an - et le premier CFA des métiers des industries de la pharmacie et de la cosmétologie, a été inauguré en octobre dernier. Claude Lucas, à Tours

latribune.fr

26 Sept 2008, 0:38

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