Les ratés du club des cinq

Les discussions les plus âpres ont concerné le format. Il y avait deux clans : les fabricants d'appareils japonais qui militaient en faveur d'une miniaturisation du format et de l'autre Kodak. Or nous avions un souci majeur : celui de préserver la qualité du résultat final. Les débats ont été houleux. Mais la décision qui a finalement été prise représente la meilleure adéquation compte tenu des émulsions qui ont été développées. » Pour Catherine Letalenet, directeur marketing de la division photo grand public de Kodak, ce nouveau système « apporte un atout indéniable quant au côté pratique de l'usage photographique ». Une remarque généralement partagée par la presse spécialisée et les quelques dizaines de milliers de privilégiés qui ont eu la chance de pouvoir se procurer un appareil APS (Advanced Photo System). Car, il faut bien le dire, depuis le 22 avril dernier, date de lancement mondial du système, les approvisionnements s'effectuent au compte-gouttes. La situation est pour le moins extraordinaire si l'on considère que la réflexion sur l'APS a été engagée par le groupe Kodak il y a plus d'une dizaine d'années. « Il fallait aller vite, se souvient Catherine Letalenet. Nous devions trouver un moyen d'accélérer le processus de remplacement et relancer le marché. Pour donner plus d'ampleur et d'essor à cette innovation, il fallait s'associer avec de grandes marques compte tenu de leur importance et des apports qu'elles pouvaient proposer au niveau technologique. » Les premiers contacts ont lieu avant la fin des années 90. Rapidement, quatre japonais rejoignent la firme américaine : Fuji, un fabricant d'appareils et de pellicules, plus les trois premiers constructeurs : Canon, Nikon et Minolta. Dès 1992, le groupe ouvre les licences d'exploitation à l'ensemble de l'industrie. On compte aujourd'hui une soixantaine de licenciés qui ont également manqué leur entrée en scène le 22 avril. « La faute des industriels ». « C'est vrai, c'est un échec par rapport au raz-de-marée annoncé. Mais c'est la faute des industriels. La date avait été fixée depuis longtemps et ils n'ont pas été capables de respecter leurs engagements », souligne Michel Paillot, président de Konica. La grogne est également perceptible chez certains distributeurs : « On aurait pu vendre davantage si l'approvisionnement avait suivi », regrette Pierre Delmas, directeur de la branche photo du groupe Foci, qui contrôle près de cinq cents magasins en France. « Il était impensable d'imaginer que les marques seraient prêtes le 22 avril, rétorque Philippe Depallens, directeur général adjoint de Canon Photo Vidéo France. Les distributeurs ont été avertis à temps et ont pris leur respon- sabilité. » Effectivement, dès le mois de février, les profession- nels étaient au courant. Dommage que les grandes marques n'aient pas jugé utile de faire de même avec la presse et le grand public. A la Fnac, considérée dans cette affaire comme partenaire privilégié, l'analyse se fait plus nuancée : « Les ventes sont bonnes, mais on est à flux tendu et la pénurie est quasi générale. Nous sommes en rupture de stocks cyclique tous les deux ou trois jours », constate Toan Nguyen Huu, chef de produit photo. En fait, tout le monde se donne rendez-vous à la rentrée de septembre. Pour la Photokina, l'un des deux grands salons annuels de la profession. Tous ces problèmes d'« intendance » devraient alors être résolus. Et l'APS pourra alors véritablement démarrer. Les prévisions ? Fabricants, distributeurs et analystes s'accordent pour dire que sa montée en puissance sera lente. Eu égard à un taux de renouvellement peu élevé, au nombre limité de « minilabs » capables de traiter l'APS et au prix des appareils et du développement. Ce n'est un secret pour personne, au-delà d'atouts intrinsèques indéniables, l'APS a aussi été inventé pour permettre une notable augmentation non seulement du prix des boîtiers - ils sont tous chers si on les compare à des équipements équivalents dans la famille des compacts 24x36 - mais également des tarifs de développement. Exemple : si une pochette au format standard 135, soit 24 tirages au format 10x15, revient à 65 francs, la pochette APS et ses 25 tirages au format 10x18 sera facturée 100,50 francs, il est vrai accompagnée de sa planche contact. G. M.
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