Le grenoblois Silicomp parie sur Singapour

Cérémonie convenue, à la chinoise... Un peu tôt pour les toasts en cette fin d'après-midi étouffante. Mais pas pour les discours. "Singapour est l'avenir de Silicomp !", lance Jean-Michel Gliner à l'adresse des caciques du Conseil de développement économique singapourien, qui viennent de récompenser sa société de services informatiques. Accordé aux firmes étrangères aidant la ville à tenir son rang de centre d'affaires, ce statut de "siège régional" laisse entrevoir, outre quelques guanxi (contacts) utiles... de substantielles réductions d'impôts.Une société grenobloise en Asie ? L'aventure semble déjà prête à rejoindre le tiroir des anecdotes sur les délocalisations. "L'objectif est de réaliser 30 % de notre activité dans la région d'ici à trois ans", explique Cédric Goarant, jeune et ambitieux directeur financier. Et l'image de bataillons de programmeurs indiens de surgir à l'esprit. Jean-Michel Gliner y voit cependant surtout "des projets d'infrastructures comme nul part ailleurs, équipés dès leur construction de la meilleure technologie". Une terre de contrats pour cette société de 90 millions d'euros de chiffres d'affaires, sortie l'an dernier d'une période difficile.Soucieux de se différencier des classiques SSII - de "simples sociétés d'intérim" - son patron vise un "positionnement industriel". En clair, les quelques millions d'euros dédiés au système informatique sur chaque installation industrielle, de sécurité ou de transport - des projets de plusieurs centaines de millions chaque fois. Les logiciels sont réalisés "sur mesure". Et les lignes de codes, elles, seront bien rentrées par des employés indiens...Obsession cyber-sécuritaire. Outre son emplacement, Singapour révèle une spécificité plus intéressante encore pour une société concevant l'informatique orchestrant caméras, systèmes de paiement et autres puces RFID : l'obsession cyber-sécuritaire de ses dirigeants. Silicomp (un millier de salariés) est ainsi devenue l'un des fournisseurs clefs du port de Jurong. Depuis un an, ses logiciels pilotent les caméras, notant les numéros des containers ou vérifiant d'éventuels dommages, avant de les aiguiller vers le quai de chargement approprié. Débarqué à Singapour il y a dix ans "dans les bagages de Schneider Electric, pour l'automatisation des grues du port", se rappelle Jean-Michel Gliner, Silicomp avait ensuite fourni le système de gestion du guidage lumineux des pistes de l'aéroport, puis les badges de Singapore Airlines - "notre système stocke de très séduisantes photos d'identité", sourit Malcolm Ong, responsable de la filiale locale - ou l'identification des véhicules à la frontière malaisienne.Silicomp a également conçu le système de contrôle des 800 bus, 3.000 taxis et deux lignes de métro de la compagnie SMRT. "Nous accompagnons maintenant Toshiba dans l'intégration des systèmes de communication du nouveau TGV taïwanais, un contrat de 4 millions de dollars", souffle Malcolm Ong. Puis, peut-être, la rénovation du réseau ferré malais ou celle des aéroports de Bangkok, de Hanoï...La france en ligne de mire. Architecte de cette expansion, Malcolm Ong essaie de convaincre le port de Jurong d'adopter un système d'identification des employés par empreinte digitale, afin de se rappeler un jour au bon souvenir des autorités, qui réfléchissent à un projet de passeport électronique. La société vient ainsi d'installer à Singapour un laboratoire dédié à ces applications d'identité électronique. "Quand le gouvernement américain fait le choix du passeport digital, il y a une chance sur deux que le reste du monde suive à terme", témoigne Emmanuel Arnould, directeur général, qui espère tester en Asie du sud-est des solutions qui lui permettront ensuite de convaincre l'administration française."Ici, nous apprenons les métiers de demain", s'enthousiasme Jean-Michel Gliner. Certains espéreront simplement que ces lendemains différeront quelque peu du rêve "Big Brother" formulé par la ville-État.Pierre-Alexandre Sallier, à Singapou
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