La France veut exister par sa création

Alors que la Chine est devenue le plus gros fournisseur de vêtements de la planète, la France espère jouer la carte de l'exception culturelle. Avec Paris, la capitale mondiale de la mode, la France conserve pour l'instant la mainmise sur la création face à une Chine très productive mais encore largement suiveuse en termes de tendance. "Nos atouts sont inhérents à la compétitivité hors prix. Les clés du succès reposent donc sur la création, la mode et l'innovation en plus de la réduction drastique des délais logistiques et de la taille des séries", explique Pascal Morand, directeur général de l'Institut français de la mode (IFM).Les marques et leur notoriété représentent aussi une force. Spilan l'a bien compris. Fournisseur pour la grande distribution, ce fabricant qui a délocalisé sa production dès 1983 en Corée, vient de créer sa marque "pour ne plus être un fournisseur lambda" comme l'explique Alain Spilet, président de Spilan. Des "corners" Spilan s'implantent dans les rayons de la grande distribution. "Nous allons également ouvrir un magasin rue Bonaparte à Paris. Cette boutique nous servira de vitrine pour appuyer notre activité export", ajoute-t-il. Visiblement, ce patron du textile ne tremble pas devant la Chine. "Des milliers de paysans se sont improvisés industriels de l'habillement, il va y avoir de la casse. Les Chinois ne savent vendre que du prix", rétorque-t-il.Mais des prix bas, c'est justement ce que réclame la grande distribution. Pour ce type de réseau, l'approvisionnement en Europe est devenu minoritaire, voire marginal. Du côté des chaînes d'habillement, toutefois, on garde un oeil sur l'Hexagone. Cherchant à enrayer la baisse des prix et l'érosion de leurs marges face à l'essor du hard discount, les Etam, Promod et autres Camaïeu complètent leur offre avec des produits plus créatifs. Ces pièces dessinées en France qui doivent être livrées rapidement pour "coller" à la mode sont encore fabriqués au Maghreb ou en Europe de l'Est.Débouché. Enfin, la Chine commence petit à petit à être perçue comme un débouché et plus seulement comme un fournisseur. La chaîne d'habillement Morgan possède déjà là-bas 32 points de vente et a ouvert en mars une usine à Nanjing qui sert essentiellement le marché asiatique. "Mais les entreprises françaises sont beaucoup moins présentes que les sociétés allemandes ou italiennes", regrette Thierry Noblot, le délégué général de l'Union des industries textile. "On sait qu'une implantation en Chine est un projet très complexe, poursuit-il. Cela nécessite d'annuler tous les autres projets de l'entreprise et requiert des ressources parfois non détenues en interne. Tout ceci prend du temps et comporte des risques mais la Chine représente un marché considérable."Anne-Laure Robert
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