Le Brésil veut devenir la "ferme du monde"

Depuis quelques années, les Brésiliens "cultivent" le rêve de devenir une grande puissance verte. Dans plusieurs segments, ils s'octroient la première place au classement mondial des producteurs : canne à sucre, café, orange, manioc, fruit de la passion. Ils devraient bientôt être, aux États-Unis, leader dans le soja. Rien d'étonnant à ce que ce pays de 170 millions d'habitants soit aussi le champion à l'exportation dans des cultures telles que le café, l'orange (sous forme de jus), l'éthanol (issu de la canne à sucre), etc. De surcroît, les 180 millions de têtes de bétail paissant dans les pâturages font du Brésil le numéro un mondial de la viande.L'agriculture et l'élevage constituent plus d'un tiers des exportations brésiliennes. Sur les 108 milliards de dollars de produits en tout genre que le Brésil devrait écouler à l'étranger cette année, 42 milliards sont censés provenir de ces deux secteurs. En dix ans, le Brésil a réussi à élargir de 30 % l'éventail des produits agricoles "tombant" dans l'assiette des consommateurs étrangers."Toutes les conditions sont réunies pour nous permettre de doubler notre production de grains à moyen terme", proclame Roberto Rodrigues, le ministre de l'Agriculture. Cette vocation à devenir la ferme du monde explique la pugnacité que Brasilia témoigne lors des grandes négociations commerciales sur l'accès des produits agricoles aux marchés du Nord. Les spécialistes évoquent les deux principaux atouts du Brésil : des surfaces immenses encore disponibles et une productivité ascendante. Investisseurs étrangers. Les consultants Alexandre Lahoz Mendonça de Barros et José Carlos Hausknecht (MB-Agro) racontent que "60 millions d'hectares sont actuellement cultivés". "Des études montrent qu'il y a de 100 à 200 millions d'hectares supplémentaires en friche [les aires forestières ne sont guère incluses dans ces statistiques]. Par ailleurs, une partie des 180 millions d'hectares voués à l'élevage peut être affectée à diverses cultures." Directeur corporatif de la filiale brésilienne de Bunge, multinationale spécialisée dans les produits à base de soja, Adalgiso Telles affirme : "La productivité de notre agriculture augmente à un rythme annuel de 2,5 %, soit plus que l'accroissement des surfaces cultivées."Ce potentiel énorme de l'agrobusiness brésilien attire de plus en plus d'investisseurs étrangers. Le consultant Marcelo Prado explique : "Le prix de la terre est encore modique dans nombre de nos régions, un hectare pouvant coûter 2.000 dollars. Des fermiers américains, partant du principe que la production de soja aux États-Unis est parvenue à leur zénith, se précipitent au Brésil pour y tenter leur chance."Yann Le Houelleur, à São Paulo
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.