Bush tance le Congrès

À quelques mois des élections de mi-mandat, l'administration Bush se trouve dans une situation délicate. Tout en se targuant de faire des États-Unis une terre d'accueil idéale pour les investissements étrangers, le gouvernement doit composer avec un Congrès de plus en plus gagné par le patriotisme économique. Les sujets de crispation ne manquent pas : creusement du déficit commercial, "manipulation" du yuan chinois, condamnations à l'Organisation mondiale du commerce, dépendance énergétique et, plus récemment, sécurité des ports sont autant de dossiers qui enflamment le Capitole.La tension est telle que dans son dernier discours sur l'état de l'Union, le président a engagé les élus à ne pas céder à "l'isolationnisme et au protectionnisme". Dernier épisode en date, l'affaire du rachat de six ports américains, devant tomber dans l'escarcelle de Dubaï Ports World à l'occasion de sa reprise des activités internationales du britannique P&O, est embarrassante pour George W. Bush.Son administration, après avoir validé ce rachat, a été contrainte d'accorder à la compagnie émiratie une période d'étude supplémentaire de quarante-cinq jours afin de dissiper les inquiétudes des parlementaires. Si la Commission sur les investissements étrangers aux États-Unis confirme la position du gouvernement, le président sera accusé de faire passer ses aspirations libre-échangistes avant la sécurité de ses compatriotes. Une telle accusation a déjà été portée en octobre dans un rapport dénonçant "la perception trop étroite" qu'avait l'administration de la sécurité nationale. Ce brûlot du Government Accountability Office (GAO), un organisme de contrôle de l'exécutif, a été publié quelques mois après que le pétrolier chinois Cnooc eut renoncé au rachat d'Unocal, du fait de la levée de boucliers qu'avait suscitée son offre au Congrès.Si jamais, dans le cas des ports, George W. Bush cède aux parlementaires, son administration sera à son tour taxée d'isolationnisme. Et les marchés ne manqueront de fustiger le patriotisme à la carte dont font preuve exécutif et législatif lorsqu'est rachetée une société américaine ou installée aux États-Unis. Bien qu'il s'agisse d'un domaine sensible, la vente récente du constructeur américain de réacteurs nucléaires Westinghouse par British Nuclear Fuels au japonais Toshiba n'a pas suscité de polémique. En effet, aucun parlementaire n'a demandé le recours à l'amendement Exon-Folio autorisant le gouvernement à bloquer le rachat d'une société américaine par des étrangers pour des raisons sécuritaires.Éric Chalmet, à New York
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