Daniel Bury : "Le danger d'une OPA est rarement pris en compte par les groupes du CAC"

Que peuvent faire les actionnaires salariés dans le bras de fer opposant Mittal Steel à Arcelor ?- Les actionnaires salariés représentent environ 2 % du capital d'Arcelor, une partie seulement adhérant à notre association - mais bien entendu, ceux qui le souhaitent peuvent se ranger à nos côtés. Notre association cherche à assurer la fidélité des actionnaires salariés à leur entreprise. Car nous pensons qu'effectivement il est plus intéressant de conserver ses actions Arcelor que de se retrouver dans une entité qui n'aura pas forcément la même performance ni la même gouvernance. C'est en tout cas notre avis, totalement indépendant de celui de la direction.Arcelor envisageait d'augmenter la part des actionnaires salariés...- L'actionnariat salarié est né dans Usinor au moment de sa privatisation, en 1995, avec le soutien de Francis Mer. Cet actionnariat s'est développé rapidement au travers de plusieurs augmentations de capital, pour passer en 2000 aux environs de 4 % du capital. La situation a changé en 2002 avec la naissance d'Arcelor, les nouveaux entrants, Arbed et Aceralia, diluant la part des actionnaires salariés car ne disposant pas d'un tel actionnariat. Par ailleurs, le conseil d'administration d'Arcelor n'était pas aussi favorable à l'actionnariat salarié que celui d'Usinor. Mais le message a changé progressivement, particulièrement depuis six mois. Un projet a d'ailleurs été mis sur pied fin 2005-début 2006, qui consistait à faire une opération pour porter l'actionnariat salarié au minimum à 5 %. La souscription était prévue entre le 20 mars et le 7 avril... Mais nous avons eu récemment l'information selon laquelle l'opération était différée, mai ou septembre étant évoqués. Je suis déçu, car une augmentation de capital est une arme importante en cas d'OPA : et je ne suis pas sûr que nous puissions l'utiliser dans les temps. J'ai peur que nous arrivions un peu tard !Un amendement Breton pourrait permettre l'attribution de bons de souscriptions d'actions en cas d'OPA. Et un projet d'extension de l'actionnariat salarié est à peu près bouclé. Qu'en pensez-vous ?- Il est clair que toute réforme permettant une participation plus importante de l'actionnariat salarié a notre soutien. Ce projet de loi peut être important pour Arcelor. Mais il est peu probable qu'il soit voté et que les décrets d'application soient publiés dans les temps. Il peut en revanche s'appliquer à un grand nombre de sociétés du CAC 40. Or le danger représenté par une OPA est rarement pris en compte dans les stratégies de ces groupes. La réforme Breton permettra, semble-t-il, les pilules empoisonnées et permettra ainsi aux sociétés de se protéger. J'avais rappelé ces derniers mois à notre direction qu'Arcelor était opéable, notamment par Mittal.Propos recueillis par Franck Pauly
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