Assemblées générales 2006 : l'année des actionnaires actifs

Coups de théâtre. Quand un patron aussi emblématique qu'Antoine Zacharias se fait débarquer par le conseil d'administration de Vinci pour cause de dérive autocratique, ou qu'un Noël Forgeard, coprésident d'EADS, également remercié se défend, comme d'autres dirigeants, d'avoir bénéficié d'informations privilégiées avant de vendre ses stock-options, on peut mesurer le chemin parcouru en quelques années entre le discours dans le premier rapport Vienot... et la réalité d'aujourd'hui.Si l'on ajoute à cette actualité sur la gouvernance les éclairages tout aussi chauds et crus jetés sur le devenir de sociétés comme Arcelor ou Euronext, in fine arbitré par les actionnaires réunis en assemblée générale, on conclut aisément que nous sommes face à un cru exceptionnel en matière de gouvernance et de vie des assemblées générales des sociétés !"2006 restera sous le signe de la rémunération des dirigeants : l'entreprise communique-t-elle complètement, sincèrement voilà un des grands sujets des assemblées cette année", souligne Daniel Lebègue, le président de l'Institut français des administrateurs. Si la question n'est désormais plus taboue - elle a représenté près de la moitié (47 %) des questions sur le gouvernement d'entreprise -, les réponses n'ont pas toujours été à la hauteur des attentes : "Parmi les déceptions, il faut noter les réponses apportées sur le financement et la stratégie financière, ainsi que sur la politique de rémunération des dirigeants", résume Jean-Pierre Hellebuyck, vice-président d'Axa IM.Efforts de dialogue. Pour Alain Leclair, le président de l'Association française de gestion, l'accent doit une fois de plus être mis sur le respect de la démocratie actionnariale : "bien gérer, c'est bien voter", rappelle-t-il. Et, même si la tendance est récente en France, elle a le mérite de vivement monter en puissance : les gérants votent aujourd'hui massivement en AG.Avec l'explosion des fusions, les questions des actionnaires sur ces opérations, sur la protection du capital et les pilules empoisonnées, ou bien les opérations de rachat d'actions et leurs effets dilutifs ont cette année occupé une place de choix : près de 10 % des questions ont en effet porté sur ces sujets stratégiques. On saluera donc les éclairages sur la stratégie de l'entreprise de plus en plus développés lors des AG.Pour Caroline de La Marnièrre, présidente de Capcom, "on a noté une forte montée en puissance de l'implication des actionnaires". Une tendance qui s'accompagne "d'un renforcement du dialogue en amont entre investisseurs et actionnaires". De fait, le nombre de résolutions rejetées est revenu à 5 cette année (Total, Carrefour, Vinci et Veolia), contre 12 l'an dernier. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Pas sûr : mais, indéniablement, les efforts de dialogue sont payants.Si de telles indéniables avancées sont à noter, de criantes insuffisances demeurent. Outre la question centrale de la rémunération des dirigeants, celle, classique, sur l'indépendance des administrateurs est encore trop souvent éludée. Enfin, en ces temps de grandes manoeuvres, une explication claire de la stratégie de l'entreprise reste essentielle et s'impose devant l'assemblée. Car, après tout, "la société s'exprime devant les actionnaires, c'est-à-dire les propriétaires", rappelle Jean-Pierre Hellebuyck !Une solide méthodologie Le trophée des assemblées générales du CAC 40 prend un nouveau départ : pour la première fois cette année un jury composé de dix-huit spécialistes a sélectionné les trois meilleures AG de l'année et a décidé d'octroyer un prix spécial. Quatre trophées qui ont été remis dans le cadre de Paris Europlace mercredi. Pour apprécier la qualité de l'assemblée sont examinés tous les documents qui y sont liés. Une grille d'évaluation - organisée autour de quatre blocs de questions équipondérés représentant un total de 50 points chacun et élaborée par une équipe opérationnelle de spécialistes qui assiste aux assemblées - concourt aux délibérations, puis au jugement final du jury. Les quatre thématiques examinées sont : la lisibilité des supports, la pédagogie et la transparence des informations, les échanges avec les actionnaires, enfin l'organisation de l'assemblée générale.
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