La plate-forme Clésud peine à recruter

La logistique peut-elle constituer un remède contre le chômage ? En Provence, beaucoup d'élus en sont persuadés : plusieurs centaines de créations d'emplois ont vu le jour en cinq ans sur deux plates-formes distantes de 30 kilomètres, Saint-Martin-de-Crau et Grans-Miramas (Clésud). Mais si la première n'a aucun mal à trouver du personnel, la seconde se heurte aux réticences des demandeurs d'emploi locaux. "Dès qu'une implantation est signée, nous engageons les formations avec la CCI du pays d'Arles et notre centre de formation local, en préparant plus de candidats que l'entreprise n'en réclame afin de lui laisser le choix, explique Stéphane Dol, responsable du développement économique de la mairie de Saint-Martin- de-Crau. Nous ne souffrons pas de pénurie, Arles disposant d'un important vivier de demandeurs d'emploi."FrustrationImplanté depuis septem-bre 2004 sur la zone, Distrimag confirme que le recrutement en CDI de ses 62 salariés, réalisé à partir d'une sélection préalable de l'ANPE, n'a posé aucun problème. "Et personne n'est parti", assure-t-elle. Aujourd'hui, 950 personnes travaillent à Saint-Martin-de-Crau pour Tibbett & Britten, Katoen Natie, Aldis Sud-Est, Office Depot, etc. Elles devraient être 1.400 fin 2005, à l'ouverture des projets en cours. Principalement grâce à la logistique, la ville a ramené son taux de chômage à moins de 500 personnes pour 11.000 habitants.Le territoire intercommunal d'Ouest Provence (90.000 habitants) où se situe Clésud compte, lui, toujours 6.000 demandeurs d'emploi. Pourtant, depuis 2000, les entreprises de la plate-forme (300.000 m2 d'entrepôts occupés par ID Logistics, Nortène Jardins, Rexel, Doumenge, TNT, etc.) ont recruté en CDI ou intérim plus d'un millier de personnes. Mais les offres peinent à trouver preneur. Yves Vidal, président du syndicat mixte d'équipement Euro- Alpilles, maître d'ouvrage du projet, avoue sa "frustration". Implanté sur Clésud pour rapprocher offre et demande, le point-relais emploi a accueilli en 2004 environ 1.500 personnes. Sur les 766 sélectionnées pour postuler à des emplois logistiques, seules 121 ont pu être placées. CDD (25 %) et Intérim (63 %) représentent près de 90 % de ces placements, malgré des offres de CDI. "Beaucoup de candidats les refusent, préférant alterner chômage et intérim", regrette Bernard Brun, président de l'association des entreprises du site.Manque de motivationLa situation est telle que certaines sociétés militent pour que toute formation (cariste, préparateur de commandes, etc.) conduite avec l'appui des pouvoirs publics débouche sur l'obligation d'accepter les emplois proposés en CDI ! Par ailleurs, selon le point-relais, 65 % des candidats ne répondent pas aux convocations aux réunions d'information ou ne donnent pas suite à une offre d'emploi ou de formation. "Le manque de motivation apparaît évident, alors que les possibilités d'évolution sont plus rapides qu'autrefois, pour conserver les bons employés !", confie un dirigeant. "Sur le pays d'Arles, les chômeurs sont beaucoup plus réactifs aux offres qu'à l'ouest de l'étang de Berre", note un responsable de ressources humaines qui a travaillé en logistique sur les deux territoires.Or les besoins vont encore augmenter. A Fos, le Port Autonome de Marseille annonce la construction en 2005 de 115.000 m2 d'entrepôts sur sa plate-forme Distriport. Et Marseille espère que ce 23 mars le conseil d'administration de la SNCF approuvera l'aménagement, sur ses terrains jouxtant le port, d'une plate-forme route-fer (9 hectares, 45.000 m2 d'entrepôts neufs ou rénovés) par l'opérateur Sogaris. Reste à savoir si les offres à venir sauront séduire une partie des 14 % de chômeurs de la ville...Jean-Christophe Barl
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