Le taux d'ozone inquiète dans le massif des Vosges

Respirez les Vosges." La formule accrocheuse relayée par les dépliants touristiques a du plomb... dans l'air. Au col de la Schlucht, en plein coeur du parc naturel régional des Ballons des Vosges, le taux moyen annuel d'ozone mesuré par Airlor est 2 à 3 fois supérieur à celui de Nancy ou Strasbourg. Tandis que les autres polluants volatils (dioxyde de soufre, dioxyde d'azote, etc.) se maintiennent à des niveaux relativement élevés. Dans un espace de pleine nature où le taux de boisement approche les 70 %, on a peine à croire une telle situation. Et pourtant. Cette forte concentration a plusieurs explications. La configuration étroite et encaissée des vallées qui réduit le rôle d'évacuant des masses d'air en est une. La densité de la population, la plus forte de tous les massifs français, en est une autre. Et ceci même si ces polluants viennent d'ailleurs, portés par les vents et jetés au sol par la pluie. Bref, le massif des Vosges, première barrière naturelle des courants océaniques, paie au comptant sa situation géographique en bordure de la "banane bleue", ce fameux coeur industriel de l'Europe occidentale, grand rejeteur de particules.Or cette situation n'est pas sans conséquences pour le milieu naturel. Les pluies acides observées au début des années 80 ont désormais pénétré les sols en profondeur et dégradé les cours d'eau. Les dépôts d'azote (de 15 à 20 kg par hectare et par an) ont favorisé le recul de la myrtille et des landes à callunes au profit de plantes nitrophiles banales. Au sommet des Vosges, où le seuil d'ozone admissible pour les végétaux a dépassé 300 jours par an, l'Inra commence à observer des nécroses foliaires sur le hêtre, le chèvrefeuille ou le cornouiller.Face à cette pollution qui ne connaît pas de frontière, les collectivités locales engagent ou soutiennent, ici et là, des actions qui ressemblent souvent à des mesurettes. Exemple parmi d'autres : la mise en service par le parc des Ballons en 2000 d'un bus pour randonneurs destiné à réduire la circulation automobile sur la grande crête. Six ans après son lancement, la navette ne peut circuler que les dimanches et les jours fériés de l'été, faute de financements... Un problème que ne se posent plus depuis longtemps les Allemands de la Forêt-Noire. De l'autre côté de la frontière, les routes ont été interdites à la circulation.Jean-Marc Toussaint, à ÉpinalPour en savoir plus, lire "Péril vert sur les Vosges", aux éditions Gérard Louis.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.