Les régions ont engagé la bataille du rail

L'aménagement du territoire a longtemps été confondu avec la politique d'équipement en infrastructures de transport. La privatisation des sociétés d'autoroutes et la volonté de la SNCF de réduire le déficit d'exploitation de plusieurs lignes interrégionales, quitte à les fermer, marquent une rupture. Dominique de Villepin ne s'attendait sans doute pas à la bronca qui a suivi sa décision de revenir sur l'arbitrage de Jean-Pierre Raffarin de faire financer les grands travaux prévus en France par les dividendes des sociétés d'autoroutes. Quant au projet de la SNCF de supprimer fin 2005 plusieurs trains Corail, il n'est pas de nature à rassurer les élus locaux qui savent que le débat sur le service public reste très sensible dans la population.Le dernier congrès de l'Association des maires de France, en novembre 2004 à Paris, avait été précédé par une forte mobilisation en faveur des services publics de proximité, notamment de La Poste. Près de 6.000 communes avaient adopté une délibération demandant un moratoire des fermetures. Devant les maires, Jean-Pierre Raffarin avait promis au pied levé davantage de concertation et la création d'une conférence "pour inventer de nouvelles formes d'organisation du service public". Quelques mois plus tôt, faute de mobilisation, le Premier ministre était resté sourd aux demandes des élus qui contestaient sa décision de supprimer les subventions de l'État aux réseaux de transport en commun en site propre (métro, tramway, couloirs de bus)."L'État impécunieux, désargenté, ne peut pas faire face au déficit de la SNCF. Il lui demande de réduire ses coûts en se tournant vers les régions pour qu'elle assume ses désengagements", constate aujourd'hui Alain Rousset, le président (PS) de la région Aquitaine, qui dirige l'Association des régions de France (ARF). Alain Rousset refuse d'engager 500.000 euros par an pour maintenir un arrêt à Marmande (Lot-et-Garonne) sur la ligne Bordeaux-Toulouse. En allant à la rencontre des usagers, hier, en gare de La Rochelle, les présidents d'Aquitaine, Bretagne, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire et Poitou-Charentes ont engagé, selon leurs propres mots, la "bataille du rail". Ils dénoncent des décisions "unilatérales qui ne sont pas acceptables".Arbitrage présidentiel. L'ARF, qui discutait avec l'État et la SNCF, depuis un an et demi, a demandé l'arbitrage du président de la République et du Premier ministre. "Nous avons pris nos responsabilités pour les trains régionaux, l'État doit prendre les siennes pour les lignes nationales", plaide le président de l'ARF, qui réfute l'appellation trains interrégionaux donnée par la SNCF à ces liaisons, la plupart du temps transversales. "520.000 usagers sont concernés, 5.200 trains pourraient être supprimés", précise Alain Rousset, qui rappelle que les régions assument d'ores et déjà entre "70 % et 80 %" du coût des transports régionaux, la couverture par l'usager "étant limitée entre 20 % et 30 %".Il n'est "pas question aujourd'hui de la moindre fermeture", a indiqué mardi le ministre délégué à l'Aménagement du territoire, Christian Estrosi. Il n'est pas sûr qu'il ait été entendu...Pascal Gateaud
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