La France est-elle menacée de faillite ?

La poursuite de l'endettement public ne résoudrait rien et nous exposerait au contraire à un risque réel d'asphyxie financière." La mission Pébereau ne cache rien des équations financières à venir : elles sont effrayantes. À situation inchangée (déficits collés à 3 % du PIB, chômage à 9 % de la population active), la France est menacée de se fracasser contre un véritable mur : 100 % de dette sur PIB en 2014 ; 130 % en 2020 ; 200 % en 2032 ; 300 % en 2041 et même 400 % en 2050.Un scénario catastrophe qui signifierait une véritable faillite, mais que la mission Pébereau juge elle même "impossible". En réalité, "les marchés financiers réagiraient bien avant que de tels niveaux d'endettement ne soient atteints. Constatant le caractère insoutenable d'une telle dynamique, ils exigeraient des primes de risque de plus en plus élevées", qui obligeraient à changer de politique.Reste qu'il vaut mieux agir avant d'être contraint de changer brutalement de modèle social. À l'époque du franc, la sanction était immédiate : à chaque crise monétaire, le renchérissement des taux d'intérêt augmentait le coût du financement de la dette. Le passage à l'euro a permis aux gouvernements successifs de pratiquer une "douce négligence" sur les déficits. Aucune contrainte extérieure ne s'exerçant plus sur les finances publiques, seuls le Pacte de stabilité et la vigilance de Bruxelles ont permis de freiner les dérapages.Ceux-ci ont commencé après l'affaire de la "cagnotte" fiscale qui a déstabilisé le gouvernement Jospin en 2000, lorsque la France a redistribué les fruits de la croissance plutôt que de les consacrer à retrouver l'équilibre budgétaire. Ils se sont aggravés sous le quinquennat de Jacques Chirac qui a, depuis 2002, accéléré les baisses d'impôts tout en multipliant les dépenses nouvelles, notamment militaires. Selon le PS, la dette réaugmente depuis 2002 parce que jamais le déficit n'a été ramené en dessous du plafond des 3 % du PIB. La dette a ainsi progressé de 9,6 points depuis 2002 alors qu'elle avait baissé de 1,4 point sous la précédente législature.En faisant autant de bruit autour du rapport Pébereau, au demeurant d'une grande qualité pédagogique, Thierry Breton s'exonère donc un peu rapidement de ses propres responsabilités et de celles de la majorité UMP. Le PS s'inquiète aussi des "ardoises" que laisse le gouvernement Villepin pour les années à venir : au moins 6 milliards d'euros de baisses d'impôts déjà votées pour 2007 et non financées ; un plan Borloo qui culminera en 2009.Cure de rigueur sans précédent. Pour ramener la dette sous la barre des 60 % du PIB d'ici à 2012 et redonner des marges de manoeuvre budgétaires, Michel Pébereau préconise une cure de rigueur sans précédent pour les dépenses publiques. Il appelle aussi à une stabilisation globale des prélèvements obligatoires. Le non-dit du rapport Pébereau est bien là : pour rétablir l'équilibre des finances publiques, les Français échapperont-ils à une hausse globale des impôts, après les élections de 2007 ? Il est presque certain que non. Reste à savoir qui paiera la facture : François Hollande, premier secrétaire du PS, évoquait hier la remise en cause des baisses d'impôts et de cotisations sociales depuis 2002, soit 40 milliards d'euros...Philippe Mabille
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