Des similitudes entre la gauche et la droite

"Mon programme n'est pas socialiste " : quatre ans plus tard, la phrase malheureuse de Lionel Jospin pendant la campagne de 2002 continue de semer le trouble dans les rangs du parti. Le projet 2007 sera-t-il, lui, socialiste ? Ratifié hier par le parti, il suscite pourtant des interrogations. Jugé par les uns " pas assez lisible ", par d'autres " trop flou " ou encore " pas assez marqué à gauche ".Il est vrai que le PS a choisi d'arrêter un projet pragmatique dont le contenu devrait servir de base pour élaborer le programme du gouvernement si la gauche l'emportait en 2007. Mais, entre les contraintes de l'Europe, de la mondialisation et de l'économie de marché, les marges de manoeuvre pour infléchir les choix économiques et sociaux sont limitées. Du coup, on relève dans l'esquisse des premiers projets de la gauche et de la droite pour 2007 des similitudes sur plusieurs propositions.Le clivage se fait surtout sur l'engagement du PS d'abroger les principales mesures prises par la droite depuis 2002, telles les réformes sur les retraites, la journée de solidarité et les baisses d'impôt. Le risque pour le PS est que les électeurs de gauche soient déstabilisés par le manque de différenciation entre les deux projets.Ainsi la mesure phare sur la hausse du Smic - 1.500 euros bruts avant la fin de la législature -, ajoutée dans le projet sur la pression de Laurent Fabius au congrès du Mans de novembre, a reçu récemment l'assentiment de... Jacques Chirac. Le chef de l'État n'a-t-il pas expliqué l'autre soir sur France 2 qu'en poursuivant la politique du " coup de pouce " au Smic accordé au 1er juillet par le gouvernement Villepin on parviendrait à relever le salaire minimum à 1.500 euros en cinq ans ?Autre thème de convergence : l'instauration d'une " sécurité sociale professionnelle ". PS et UMP inscrivent chacun cette réforme au coeur de leur programme électoral en s'inspirant du modèle de " flexsécurité " danoise qui allie souplesse pour les entreprises et sécurité accrue pour les salariés. Difficile d'y voir encore très clair car les partis ne détaillent pas ce nouveau concept. Les électeurs ne retiennent pour l'heure que la similitude de la proposition. De même, le droit à la formation tout au long de la vie est inscrit dans les deux programmes.La réforme du financement de la protection sociale est un autre thème de consensus, le PS recommandant, comme le chef de l'État le préconise, l'élargissement de l'assiette à la valeur ajoutée. Même sur les 35 heures, thème central de clivage en 1997, les différences sont moins fortes que ne le laissent supposer les discours. Le PS prône une généralisation prudente, " par la négociation ", la loi n'intervenant qu'en dernier recours, en cas d'échec des négociations. Le PS est divisé sur cette question, comme le montrent les récentes déclarations de Ségolène Royal mettant en cause l'effet négatif des 35 heures pour une partie des salariés aux revenus modestes. Quant à l'UMP, poursuivant la ligne adoptée depuis 2002, elle tire à boulets rouges sur la réforme socialiste, tout en excluant d'enlever aux salariés le bénéfice des 35 heures s'ils souhaitent le garder.Privatisations. Certes des différences de fond séparent les deux projets. Sur les privatisations et la fiscalité, notamment. Le PS prévoit le retour dans le giron de l'État du capital d'EDF à 100 %, s'engage à annuler les baisses d'impôts sur le revenu accordées depuis 2002 et à fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG. Autant d'engagements importants qui risquent cependant d'évoluer en fonction du programme du candidat. Ainsi, par exemple, pour Dominique Strauss-Kahn, la renationalisation d'EDF ne fait pas partie des priorités. Quant à la fusion CSG-IR, elle est loin de faire l'unanimité dans les rangs. À peine adopté, le projet PS a vocation à subir de nettes inflexions en fonction du candidat qui sera in fine désigné pour la présidentielle...
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