La vague rose s'essouffle en Amérique latine

" Voulez-vous qu'Hugo Chavez gouverne le pays ? " : c'est avec ce slogan qui fleure bon le nationalisme ombrageux que Felipe Calderón, le candidat de la droite à la présidentielle mexicaine, a réussi à rattraper son retard sur Andrès Manuel Lopez Obrador, évidemment soutenu par le président vénézuélien. Le slogan a donc fait mouche. C'est le même, d'ailleurs, qu'avait employé peu de temps auparavant Jorge Quiroga, l'ancien président conservateur bolivien, pour défendre l'autonomie de la région - la plus riche du pays - qu'il représente, lors du scrutin visant à élire les membres d'une nouvelle assemblée constituante. Du coup, même si c'est bien le MAS, le mouvement vers le socialisme d'Evo Morales, élu président de la Bolivie il y a quelques mois, qui a remporté la majorité, ce parti n'aura pas la marge des deux tiers nécessaire pour introduire sans négociation le programme d'Evo Morales dans la nouvelle Constitution. Et c'est encore sur cette même crainte d'Hugo Chavez et de sa révolution bolivarienne que s'est appuyé le leader de centre droit Alan Garcia pour revenir à la présidence du Pérou il y a quelques semaines, face, là aussi, à un candidat de la gauche soutenu en paroles comme en argent par le Venezuela. Autant dire que la stratégie de Chavez, qui cherchait, grâce aux dividendes du pétrole, à élargir son influence sur le reste du sous-continent - après avoir réussi à acheter la paix sociale et consolider son pouvoir dans son pays - a eu un effet boomerang. Et l'élection de Felipe Calderón pourrait signaler la fin de la vague rose qui s'est emparée de l'Amérique latine depuis quelques mois.Retour des Sandinistes. Cela dit, cette nouvelle tendance est relative. D'abord parce que, à la faveur des élections à venir avant la fin de l'année, plusieurs candidats de gauche pourraient être élus, en octobre au Brésil, avec un maintien du président Lula, ou en Équateur, le même mois, ou encore au Nicaragua en novembre - ce qui signerait le grand retour des Sandinistes - et, enfin, au Venezuela, en décembre, avec une nouvelle réélection d'Hugo Chavez.Et qu'ensuite les leaders de gauche sont loin d'être tous " chavistes ". Si Evo Morales, qui a déjà nationalisé les ressources énergétiques du pays, ne fait pas mystère de son admiration pour le leader vénézuélien, sans parler du " lider maximo ", l'ancien syndicaliste Lula a au contraire pris ses distances et adopté depuis longtemps une politique pragmatique, fondée sur une stricte discipline budgétaire. Même chose chez Nestor Kirchner, en Argentine, si soucieux d'être dans les bonnes grâces du FMI et de la Banque mondiale qu'il a remboursé les dettes du pays par anticipation, ou, au Chili, où la nouvelle présidente socialiste, Michèle Bachelet, n'a pas l'intention de revenir sur le libéralisme qui caractérise le pays depuis les années de dictature.
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