Nancy Pelosi prête à croiser le fer avec George Bush

Le temps des sourires de circonstance est révolu à Washington. Après la victoire démocrate aux élections parlementaires du 7 novembre, George W. Bush et Nancy Pelosi s'étaient engagés à entamer une cohabitation aussi consensuelle que possible. Mais l'entourage de la nouvelle présidente de la Chambre des représentants, qui prêtera aujourd'hui serment tandis que le 110e Congrès prendra ses fonctions, a depuis prévenu qu'elle ne comptait pas, dans un premier temps, ménager l'hôte de la Maison-Blanche.Au cours de leurs " cent premières heures ", de travail, les élus démocrates de la Chambre vont imposer leurs idées, présentant une batterie de projets de lois économiques dont certains pourraient conduire le président à utiliser son veto sans tarder. D'autant que les leaders démocrates ont averti que les anciens maîtres du Congrès n'auraient pas le droit au chapitre pendant ces cent heures, pourtant très chargées en réformes.Parmi les sujets qui risquent de diviser tout de suite Congrès et Maison-Blanche figure au premier chef celui de la santé. Les démocrates vont proposer l'ouverture de négociations directes sur le prix des médicaments entre l'assurance-maladie destinée aux personnes âgées et handicapées (Medicare) et les laboratoires. Un projet auquel s'opposent les républicains qui estiment que confier une telle responsabilité au gouvernement fédéral correspond, ni plus ni moins, à mettre en place un contrôle étatique de ces prix. Par ailleurs, Nancy Pelosi compte lever les restrictions en matière de financement de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Sauf coup de théâtre, un veto de la Maison-Blanche paraît inéluctable.Certains projets devant être présentés lors de ces cent heures pourraient en revanche faire l'objet d'un consensus bipartisan. George W. Bush a indiqué qu'il ne s'opposerait pas à la très populaire augmentation du salaire minimum horaire - bloqué à 5,15 dollars depuis 1997 - si elle était accompagnée d'aménagements pour les PME. Il serait également mal venu pour le président, dont la cote de popularité est à 38 %, de contester le grand nettoyage éthique auquel Nancy Pelosi entend procéder. La présidente s'est engagée à " rompre le lien entre les lobbyistes et la confection des lois " au Congrès, en interdisant les cadeaux en nature dont les parlementaires américains ont jusqu'à présent bénéficié en toute impunité. Il s'agit, pour Nancy Pelosi, de mettre fin à " la culture de la corruption " qui, selon elle, a notamment permis aux majors du pétrole d'obtenir " des milliards de cadeaux [fiscaux, NDLR] ". La Maison-Blanche ne s'opposera pas non plus à la suppression de ces " cadeaux " dont les compagnies pétrolières affirment d'ailleurs ne pas avoir besoin. Bush accueille favorablement une initiative démocrate susceptible de profiter aux producteurs d'énergies alternatives.CLASH EN VUE SUR L'IRAK Au-delà des cent heures, Bush anticipe d'autres " formidables opportunités " de concorde avec les démocrates : sur la régularisation sous conditions des douze millions d'immigrés clandestins vivant aux États-Unis et sur la réforme du système public de retraites (Social Security), toutes deux rejetées par son ancienne majorité. À l'issue des élections de novembre, le président a mandaté son secrétaire au Trésor, Henry Paulson, pour amorcer un dialogue sur ce dernier thème avec les démocrates, pourtant opposés à la création de comptes épargne retraite qu'ils assimilent à une privatisation du système.Si d'aléatoires compromis semblent envisageables sur les questions nationales, un clash paraît inévitable entre la Maison-Blanche et la nouvelle majorité au sujet de l'Irak. Plus d'une dizaine d'auditions de responsables gouvernementaux et militaires sont prévues à partir de mardi afin de façonner " un consensus qui exerce une pression " sur le président dans la conduite du conflit. Nancy Pelosi a prévenu que les démocrates ne comptaient pas réduire le financement de l'effort de guerre. Elle exige en revanche une totale transparence sur ces dépenses qui ne sont pas intégrées au budget, bien qu'elles soient attendues à 170 milliards de dollars au cours de l'exercice fiscal 2007.
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