Jacques Chirac veut baisser l'impôt sur les sociétés à 20 % en cinq ans

A quel jeu joue Jacques Chirac ? En présentant hierà l'Elysée ses voeux aux " forces vives " de la nation - le patronat, les syndicats et les associations -, le chef de l'État a créé la surprise. Car, à trois mois et demi du premier tour de la présidentielle, Jacques Chirac affiche sa détermination à peser de tout son poids dans la campagne électorale, tout en continuant à laisser ouverte la question de son éventuelle candidature.Le président de la République a présenté hier une série de propositions très précises pour le prochain quinquennat qui ressemblaient fort à un programme électoral. Surprise dans l'assistance et sourires en coin. Si personne ne croit vraiment que Jacques Chirac envisage de se représenter, tout le monde reconnaissait hier que l'intervention du chef de l'État et le catalogue de réformes préconisées ne pouvaient qu'embarrasser Nicolas Sarkozy, le candidat UMP, contraint de prendre en compte, dans son programme présidentiel, les pistes lancées hier à l'Elysée. Car, comme l'a confirmé l'entourage du chef de l'État, les propositions faites par Jacques Chirac en cette fin de législature ont vocation à servir de feuille de route au pouvoir en place pour le prochain quinquennat.Alors que, dans son programme de 2002, Jacques Chirac avait mis l'accent sur les baisses d'impôt pour les ménages, il souhaite, pour la prochaine législature, donner la priorité à la baisse de l'impôt sur les sociétés. Partant du constat que " l'enjeu majeur des années à venir, c'est la concurrence fiscale ", il se fixe comme objectif de ramener en cinq ans le taux de l'IS dans la moyenne européenne, en l'abaissant de 33 % à 20 %. Cette proposition a aussitôt réjoui le Medef et la CGPME qui jugent la fiscalité française pénalisante pour les entreprises. Jouant d'un habile dosage entre mesures à connotation libérale et propositions sociales, le président Chirac plaide aussi pour une plus juste répartition des profits des entreprises entre actionnaires et salariés. Là encore, par le biais de l'impôt sur les sociétés et la relance de la participation. " Les entreprises qui distribuent autant à leurs salariés, sous forme de participation ou d'augmentation de salaires, qu'à leurs actionnaires devraient bénéficier d'un taux d'impôt sur les sociétés très réduit, de l'ordre de 10 % ", a-t-il proposé hier.MODELE SOCIAL RENOVEAutre mesure en faveur des salariés prônée par le chef de l'État : lorsqu'un fonds d'investissement décide de revendre une entreprise, il serait dans l'obligation de reverser aux salariés " une fraction significative de la plus-value réalisée, par exemple 20 % ". Loin de se satisfaire de la baisse du chômage dont se glorifie le gouvernement Villepin mois après mois, le président Chirac se fixe l'objectif de " gagner la bataille du plein emploi " en s'attaquant au chômage de masse. Pour cela, il propose de bâtir un modèle social rénové à partir de " nouveaux équilibres ", concept bien éloigné de la stratégie de " rupture " prônée par Nicolas Sarkozy. Un système assis sur deux piliers, associant une plus grande souplesse du droit du travail pour les entreprises, " notamment celles qui ont moins de 50 salariés ", et la construction d'une sécurité sociale professionnelle pour les salariés.Après avoir souhaité l'an passé un rapprochement entre l'ANPE et l'Unedic, Jacques Chirac plaide cette fois-ci pour une fusion entre les deux organismes. Dans la ligne de la réforme du dialogue social, qui sera votée par le Parlement en février, le chef de l'État estime qu'il reviendra aux partenaires sociaux, aux côtés de l'État, de construire puis de gérer le nouveau système de sécurité sociale professionnelle, réforme majeure du prochain quinquennat. Bref, c'est un président en campagne - pour lui ou pour son camp ? - qui a livré hier son programme d'action pour les cinq ans à venir. Des propositions que ne pourront ignorer ni Nicolas Sarkozy, ni Ségolène Royal...
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