Le gouvernement s'autorise une pause dans la réduction des déficits publics

François Fillon a donné hier un avant-goût du message qu'iront délivrer ensemble lundi prochain à l'Eurogroupe Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde sur la stratégie française en matière de finances publiques. Et nos partenaires risquent de ne guère apprécier. La France a en effet décidé de repousser à 2012 au lieu de 2010 le rétablissement des comptes publics et le retour de la dette sous les 60 % du PIB. Dans l'entourage de François Fillon, on précise que cette année, comme en 2008, les déficits publics ne devront pas dépasser les 2,5 % du PIB. Un cap peu ambitieux au regard des résultats obtenus en 2006, où le déficit public a été ramené à ce niveau alors que le précédent gouvernement prévoyait un déficit de 1,8 % du PIB l'an prochain. Cette pause répond à la nécessité pour le gouvernement de financer son " paquet fiscal " dont le coût sera au minimum de 11 milliards d'euros, mais aussi des réformes comme celles de l'université et de la recherche, à qui sont promis 5 milliards sur cinq ans chacun.Pour obtenir l'assentiment de Bruxelles devant cette entorse aux engagements précédents, le Premier ministre indique que, dès l'an prochain, " les dépenses de l'État (268 milliards d'euros) seront strictement reconduites en volume ", autrement dit, ne devront pas progresser plus vite que l'inflation. En apparence, cette norme d'évolution des dépenses est moins rigoureuse que celle d'une baisse de 1,25 % qu'avait retenue le gouvernement Villepin dans le programme de stabilité 2007-2009. Mais, selon Matignon, cette stabilisation en volume s'appliquera à une assiette élargie puisque seront concernés par le " zéro volume " les prélèvements sur recettes au profit des collectivités territoriales (49 milliards d'euros). Reste à savoir si cet élargissement sera suffisant pour un véritable contrôle de la dépense budgétaire, le recours croissant aux niches fiscales entretenant à ce sujet les doutes.UN BRAS DE FER AVEC LES ELUS LOCAUX Par ailleurs, afin d'associer tous les acteurs de la dépense publique à l'objectif de réduction de la dette et des déficits, le gouvernement entend aussi que la hausse des dépenses publiques, y compris collectivités locales et organismes sociaux, ne dépasse pas 1 % en volume chaque année. Un bras de fer en vue avec les élus locaux, François Fillon ayant annoncé hier que les dotations de l'État seront limitées à l'inflation dans le prochain budget.La stratégie de redressement des finances publiques repose sur deux leviers. Un processus de révision des politiques publiques avec, comme chantiers emblématiques, la fusion des directions des impôts et de la comptabilité publique, la remise à plat des dépenses militaires dans une nouvelle loi-programme ou la réduction de la charge administrative pesant sur les entreprises. Et le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Pour 2008, cela représenterait environ 35.000 postes (à comparer aux 9.500 emplois supprimés en 2006). Mais cette fois, l'effort va toucher de plein fouet l'Éducation nationale, avec 10.000 suppressions de postes annoncées.
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