Le moratoire sur les OGM tourne à la bataille politique

Des producteurs de grandes cultures (blé...) qui menacent de bloquer le débarquement dans les ports français du soja OGM américain, des céréaliers du Sud-Ouest qui se disent prêts à la désobéissance civile : la décision du gouvernement français, vendredi soir, de faire jouer la clause de sauvegarde européenne afin de suspendre la culture du maïs Mon810 du groupe américain Monsanto en raison d' " éléments scientifiques nouveaux " ne cesse de provoquer des remous.La perspective, le 5 février, de l'examen au Sénat du projet de loi promis lors du Grenelle de l'environnement pour encadrer les biotechnologies, va offrir l'occasion aux pro-OGM (FNSEA, grands semenciers...) et aux anti (Greenpeace, France Nature Environnement, Confédération paysanne...) de nouvelles empoignades sur l'avenir de l'utilisation des biotechnologies dans l'agriculture française.Les premiers dénoncent l'obscurantisme et les seconds le lobbying des géants de l'agrochimie soutenus à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) par les pays producteurs. À quelques semaines des municipales, le dossier OGM vire à la bataille politique. Avec cette décision, " je fais le choix politique majeur de porter notre pays à l'avant-garde du débat sur l'environnement ", a claironné Nicolas Sarkozy samedi devant le conseil national de l'UMP, permettant ainsi à José Bové de cesser sa grève de la faim. Pour sa part, le Premier ministre François Fillon a précisé lors du Grand jury LCI-RTL-Le Monde : " Nous avons pris la décision à laquelle nous nous étions engagés au Grenelle de l'environnement. "RESISTANCES AU SEIN DE L'UMPApportant son soutien hier à l'activation de la clause de sauvegarde du Mon810, seul OGM cultivé en France, le premier secrétaire du PS, François Hollande, s'est fait un malin plaisir de souligner que " nous ne sommes qu'au début du processus parce qu'il va y avoir une loi. Et au sein de la majorité, il y a un certain nombre de résistances ". Entre un Bernard Accoyer, président UMP de l'Assemblée nationale, qui tempêtait hier dans Le Journal du dimanche contre la suspension de la culture du maïs Mon810, et le sénateur UMP de la Manche, Jean-François Le Grand, président de la Haute Autorité provisoire sur les OGM, accusé d'avoir parlé de " doutes sérieux " concernant l'usage du Mon810 là où certains scientifiques s'étaient contentés d'" interrogations ", le fossé n'est pas mince.Dans un jugement de Salomon, le gouvernement a décrété vendredi un plan d'investissement dans les biotechnologies végétales de 45 millions d'euros pour ne pas mettre la France en retard et a insisté sur le fait que " les doutes sur cet OGM [...] ne condamnent pas l'intérêt de cette technologie pour relever les défis alimentaires et environnementaux ". Notant que " le Mon810 arrive en fin d'autorisation " que l'Europe lui a accordée il y a dix ans et qu'il lui faut éventuellement renouveler, la secrétaire d'État à l'Écologie, Nathalie Koziusco-Morizet, a souligné que le moratoire est " un signal que la France envoie à la Commission européenne ", après l'Autriche, la Hongrie et la Grèce. Un signal auquel la Commission a " des chances d'être sensible car actuellement elle émet des interrogations sur l'opportunité de rendre commercialisable le Monsanto 811, le petit frère du 810 ", a ajouté Nathalie Kosciusco-Morizet.
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