Les députés UMP veulent avoir le dernier mot sur le rapport Attali

Les députés UMP n'ont pas l'intention de se laisser déposséder de leur pouvoir au profit d'" experts " aussi brillants soient-ils. Tel est l'avertissement sérieux qu'ils ont lancé hier, à la veille de la remise, au président Sarkozy, du rapport de la commission Attali sur la libération de la croissance. Révélé en fin de semaine sur le site Internet des Échos, dans une version provisoire, ce rapport ambitionne de donner à la France un point de croissance supplémentaire en 2012 grâce à une batterie de mesures, d'inspiration clairement libérale (lire "La Tribune" du 21 janvier), dont certaines, parfois iconoclastes, suscitent un vif débat dans la majorité. Telles les propositions visant à faciliter l'immigration pour faire face aux pénuries de main-d'oeuvre, à supprimer l'échelon du département dans les dix ans à venir ou encore à ouvrir à la concurrence les professions réglementées.À l'approche des municipales, les élus UMP jugent sans doute inopportun de lancer dans l'opinion des pistes de réformes mal perçues par leur électorat. Lors de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée mardi, une quinzaine de députés ont pris la parole, devant François Fillon, pour rappeler qu'il appartient au Parlement, et à lui seul, de décider des suites à donner au rapport Attali. " Nous n'avons pas digéré d'être les oubliés du Grenelle de l'environnement et je ne veux pas le même syndrome sur le rapport Attali ", a affirmé Jean-François Copé, le président du groupe, devant la presse. " Nous avons des tas d'idées [pour libérer la croissance, Ndlr] et il est hors de question que le groupe ne soit pas en pointe sur ces questions ". Le chef de file des députés UMP a mis en place des groupes de travail pour aborder les différents thèmes du rapport Attali. Cela pour que la majorité soit en mesure d'être " une force de proposition " au moment des arbitrages qui trouveront une première application concrète dans le projet de loi de modernisation économique annoncée pour le printemps." INNOVATIONS TRES POSITIVES " ET " PROVOCATIONS INACCEPTABLES "Certaines voix sont encore plus radicales. Celle du vice-président du groupe UMP, Jean Léonetti, notamment, qui a estimé hier qu'il serait " catastrophique que le Parlement se voie imposer un paquet global dans lequel il n'y aurait pas de droit d'inventaire ". Le député des Alpes-Maritimes estime que le rapport Attali contient " des innovations très positives " et " des provocations inacceptables ", comme la suppression des départements ou encore la fin du monopole des professions réglementées.Le Premier ministre a tenté hier de rassurer la majorité. Il a affirmé devant les députés UMP qu'il appartiendra " naturellement " au Parlement de " décider " de la traduction législative des propositions de la commission Attali. Or les élus refusent la politique du " tout ou rien " que revendique précisément Jacques Attali. Celui-ci juge, dans son rapport, que ses travaux ne constituent pas " un inventaire dans lequel un gouvernement pourrait picorer à sa guise [...] mais un ensemble cohérent dont chaque pièce est articulée avec les autres ". En clair, ce n'est qu'en reprenant l'ensemble de ses quelque 300 propositions que le pari de relever d'un point la croissance française sera gagné. Ce schéma, l'UMP le rejette catégoriquement, bien décidé à faire le tri entre les multiples propositions. Sans doute le président Sarkozy s'est-il un peu aventuré en déclarant fin août, en installant la commission Attali : " Ce que vous proposerez, nous le ferons. "
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