L'Élysée se saisit du rapport Attali pour accélérer les réformes

Par latribune.fr  |   |  700  mots
Qui ne dit mot consent ! C'est avec un brin de malice que Jacques Attali a noté que, sur les 316 propositions figurant dans le rapport de la commission pour la libération de la croissance française, Nicolas Sarkozy n'en a explicitement désapprouvé que trois. En effet, lors de la remise de ce rapport hier au président de la République, celui-ci s'est clairement dit opposé à la remise en cause du principe de précaution. " Ce n'est pas un principe d'inaction. Au contraire, c'est un principe de vigilance et de transparence. Plutôt que de le remettre en cause, nous devons plutôt nous attacher à récompenser ceux qui prennent des risques " , a-t-il expliqué. La suppression des départements est également rejetée. " Les Français sont attachés à leurs départements, à leurs communes ", a souligné Nicolas Sarkozy. La libéralisation des professions réglementées dans le secteur paramédical est aussi balayée d'un revers de la main. " Les pharmacies, dont le chiffre d'affaires repose en grande partie sur la vente de produits paramédicaux, sont un lien social essentiel dans les petites communes. On ne va pas créer des déserts humains pour favoriser des baisses de tarifs " , a-t-il précisé, estimant que la non-application de ces trois mesures ne pouvait pas remettre en cause les efforts de son gouvernement pour redresser la compétitivité française.Restent donc 313 mesures. Certaines d'entre elles témoignent d'une certaine communauté de pensée entre la commission Attali et le gouvernement, celui-ci ayant déjà lancé plusieurs chantiers jugés prioritaires par les 40 membres de la commission (lire " La Tribune " du 21 janvier). On peut notamment évoquer la réduction engagée des délais de paiement. Sur ce point, Nicolas Sarkozy, qui est " lassé " d'attendre un consensus qui ne vient pas, a confirmé que le gouvernement légiférerait sur ce sujet. La première étape de la réforme du marché du travail, qui comporte notamment la rupture à l'amiable entre l'employeur et les salariés, témoigne de cette même vision des choses. Tout comme la réforme de l'école primaire et la priorité donnée à l'enseignement supérieur.UN SEMINAIRE GOUVERNEMENTALLe président de la République a repris à son compte un certain nombre des propositions avancées dans le rapport, notamment le travail le dimanche, la déréglementation de certaines professions réglementées comme les taxis, la création de villes dont l'émergence reposera sur le développement durable, le renforcement de la concurrence, en particulier dans la distribution. " La feuille de route que vous avez tracée montre qu'il reste de nombreuses réformes à engager et à compléter. Pour lancer le processus et mobiliser tous les membres du gouvernement, un séminaire gouvernemental sera organisé début février pour décider et coordonner les mesures prioritaires ", a précisé Nicolas Sarkozy. Un certain nombre de ces propositions seront intégrées dans la loi de modernisation de l'économie prévue pour le printemps prochain.Compte tenu de cet accueil, le rapport est-il un plébiscite ? Deux points importants n'ont pas été évoqués par le président de la République : le transfert d'une partie des cotisations sociales vers la contribution sociale généralisée (CSG) et la TVA sociale pour réduire le coût du travail pour les entreprises d'une part, l'immigration d'autre part. Selon le rapport, 250.000 nouveaux immigrés par an pourraient donner à la France 0,5 % de croissance supplémentaire. " Il faut privilégier le critère du diplôme pour réguler l'immigration. La compétence professionnelle, la nationalité ne sont pas des critères justes et efficaces ", a expliqué Hervé le Bras, l'un des membres de la commission.La tourmente sur les marchés financiers et les incertitudes macroéconomiques de part et d'autre de l'Atlantique sont-elles de nature à retarder la mise en oeuvre de ces réformes ? Jacques Attali est formel. " Nous avons travaillé en temps réel au cours des six derniers mois et nous avons intégré ces incertitudes. Plus le désordre est grand, plus il y a urgence à agir et à réformer le pays ", a-t-il prévenu.