Fillon veut que la France reprenne sa place sur la scène mondiale

À ceux qui ne sauraient pas que la France a un Premier ministre, François Fillon a adressé hier un message on ne peut plus clair, en devenant le premier chef de gouvernement français à se rendre à Davos, le jour même où Nicolas Sarkozy s'envolait de son côté pour l'Inde. Le Premier ministre a profité de ce " symbole " (selon ses propres termes) pour décrire " une France qui veut parler à tout le monde, participer à tous les forums internationaux et réoccuper toute sa place dans les grands débats sur l'avenir de l'économie mondiale ". C'est que " les interrogations sont nombreuses sur le fonctionnement de l'économie mondialisée ", a souligné François Fillon. Comme Nicolas Sarkozy dans sa lettre cosignée avec Angela Merkel et Gordon Brown, il a réclamé une action internationale concertée pour que l'on fasse " toute la transparence sur l'exposition des acteurs financiers aux subprimes " et que l'on renforce " la coordination des autorités de régulation des marchés ", à commencer par l'Europe. " L'urgence commande de rétablir la confiance ", a-t-il expliqué, tout en restant confiant pour la situation en France, et en prévenant que cette " mauvaise passe conjoncturelle nous commande plus que jamais de faire les réformes structurelles dont nous avons besoin ".SORTIE DE " CRISE POLITIQUE "La présence du Premier ministre français, avec son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est une rupture flagrante après des années de faible participation de la France au World Economic Forum, à part quelques patrons et ministres intéressés par l'économie. En 2008, qu'on se le dise, " France is on the move ", comme l'affirme l'intitulé de la session plénière à laquelle est intervenu François Fillon. Et comme pour graver dans le marbre ce come-back, la France sera l'hôte de la soirée de clôture du forum samedi. Ce retour sur le devant de la scène, le Premier ministre l'a attribué au tournant de l'élection présidentielle de 2007, qui a fait sortir la France d'une longue période de " crise politique ", " d'immobilisme et d'hésitations ". Face aux " caricatures " dont la presse internationale affuble trop souvent la France, " l'homme malade de l'Europe " selon The Economist, François Fillon s'est évertué à démontrer que " les clichés qui ont cours appartiennent au passé " et à donner de lui-même l'image d'un réformateur déterminé et dynamique, dont la popularité a été soulignée par le fondateur de Davos, Klaus Schwab. Allusion sans doute à la chute dans les sondages du président de la République, qui n'est jamais venu, lui, au World Economic Forum.Première idée reçue sur la France, " sa soi-disant déprime chronique ". Pour François Fillon, les Français ont manifesté en 2007 " une volonté de rupture et une adhésion à un projet réformiste clairement assumé ". En témoigne selon lui la réforme des régimes spéciaux de retraite, devant laquelle son gouvernement n'a pas calé, et qui prouve " l'évolution des mentalités ". Deuxième idée reçue, la France hésiterait à voir les réalités économiques en face. Au contraire, selon François Fillon, " notre pays est conscient de son décrochage " et n'esquive plus les faits, qui font qu'il a " un point de croissance en moins et un point de chômage en plus que les meilleurs pays européens ".Pour répondre à ces défis, le gouvernement a entrepris de " réveiller l'économie française en valorisant le travail, le mérite et la prise de risque ", a rappelé le Premier ministre. Objectifs : 3 % de croissance et l'équilibre des finances publiques en 2012 avec 5 % de taux de chômage. Troisième idée reçue, la France " serait le pays où l'on fait grève avant de négocier ". Pour François Fillon, le récent compromis sur le marché du travail prouve le contraire et la flexsécurité à la française est en marche. Signe des temps, la France n'est plus fâchée avec le mot " flexibilité ", a-t-il affirmé, sans risque, il est vrai, d'être contredit par une telle assemblée...
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