Les dirigeants européens sont prêts à intensifier la régulation financière

À l'initiative de Gordon Brown, les quatre pays européens du G7 et la Commission européenne ont eu hier soir à Londres l'occasion de définir une position commune face à la crise des marchés financiers. À l'issue d'une réunion à Downing Street, le Premier ministre britannique avec le président de la République française, Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président du Conseil italien (démissionnaire), Romano Prodi, et le chef de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont lancé un appel pour une plus grande transparence sur les marchés financiers et une meilleure coordination entre les différentes autorités de régulation. Ils ont aussi plaidé pour le renforcement au sein du FMI d'un mécanisme d'alerte sur les risques financiers. Les cinq n'ont en revanche envisagé aucune forme de relance économique face à la crise financière, José Manuel Barroso ayant souligné la nécessité d'éviter " toute sorte de stimulation artificielle ". Annoncée en décembre dernier par Gordon Brown, la réunion était censée contribuer à apporter une " réponse internationale à une crise des marchés qui est internationale ", selon la formule des Britanniques.Affaibli sur le plan de l'image par la débâcle de Northern Rock, le Royaume-Uni ne rate pas une occasion, en effet, pour souligner que la crise financière actuelle a ses origines aux États-Unis, dans les prêts immobiliers subprimes, et qu'elle s'est étendue ensuite dans le monde entier, y compris en Europe continentale avec la défaillance de la banque allemande Landesbank Sachsen. Et la crise de la Société Générale est venue valider cette analyse à la veille du sommet de Londres.UN APPEL A PLUS DE TRANSPARENCELes " Cinq " ont appelé les banques européennes à dévoiler aussi vite que possible leur exposition réelle aux subprimes et aux produits financiers complexes, y compris les titrisations de dette placées hors bilan. Le rôle des agences de notation doit aussi être précisé et leurs pratiques améliorées. Les Européens sont prêts à intensifier la régulation si les agences ne font pas le nécessaire elles-mêmes. Comme l'a déclaré le président de la République, les cinq participants au sommet ont affiché leur " unité " dans leur plaidoyer pour une plus grande transparence de la part des acteurs financiers, condition essentielle pour rétablir la confiance et relancer la croissance. Nicolas Sarkozy a aussi dénoncé le " risque de protectionnisme " si les incertitudes demeurent. " Nous voulons tous une économie ouverte ", a-t-il dit, faisant écho à Gordon Brown. Interrogé sur la crise de la Société Générale, le chef de l'État a affirmé que ce n'était pas le but de la rencontre d'en discuter dans le détail. " Je n'ai pas de réponse à donner sur le futur de la Société Générale, l'État n'est pas actionnaire de la banque ", a-t-il ajouté.L'appel à une meilleure coordination entre les régulateurs des différents pays risque toutefois de tomber dans le vide. Londres défend en effet une régulation souple basée sur des principes généraux, dont s'est fait championne la Financial Services Authority (FSA), alors que Paris et d'autres capitales prônent des règles plus homogènes au niveau européen. Dans la pratique, de surcroît, le secret qui a entouré le débouclage des positions de la Société Générale pendant trois jours est la preuve que chaque pays souhaite encore faire le ménage chez soi avant de partager ses informations avec les voisins.
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