La Réserve fédérale veut éviter que la crise financière ne contamine le monde

Ben Bernanke devra-t-il un jour répondre du même chef d'accusation d'hyperactivisme monétaire que son prédécesseur Alan Greenspan ? En baissant brutalement son taux d'intérêt, la Réserve fédérale ne prépare-t-elle pas le terrain à des bulles dont l'éclatement imposera une nouvelle intervention de la Fed ? Pour Antoine Brunet, président d'ABMarchés, le débat n'a pas lieu d'être. " Le risque aujourd'hui est tout simplement celui d'un scénario de déflation à la japonaise ", explique l'ancien chef économiste de HSBC.Il est déjà probablement trop tard pour éviter une récession, même si celle-ci est encore loin d'être certaine. " Les influences de l'économie mondiale sont aujourd'hui plus fortes que presque n'importe quelle réponse monétaire ou budgétaire ", estime Alan Greenspan dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit. L'ancien président de la Fed estime que les autorités monétaires et budgétaires ne pourront " probablement pas " sauver la première économie du monde d'une récession.La véritable inquiétude n'est plus tant celle d'une récession américaine mais d'une crise systémique. " La crise des subprimes a déclenché une crise des marchés beaucoup plus vaste, dont nul ne peut dire qu'elle est finie ", met en garde le directeur général de BNP Paribas. La liste des victimes - avérées ou potentielles - de la crise des subprimes s'allonge en effet de semaine en semaine. Après les grandes banques américaines - sauvées par les fonds souverains - et les banques européennes - moins sévèrement touchées si l'on met de côté Northern Rock -, le secteur financier redoute désormais la faillite des deux principaux rehausseurs de crédits, MBI et Ambac.MENACE D'UNE CONTRACTION DU CREDITCes sociétés apportent leur garantie à une émission obligataire lancée par un emprunteur mal coté par les marchés financiers. Au départ, elles assuraient les emprunts de collectivités locales (2.400 milliards de dollars d'obligations municipales), avant de garantir des produits structurés de type subprime. Une faillite obligerait les banques à assumer le risque de non-remboursement. Enfin, la poursuite du krach boursier menace la santé financière des banques, avec, à la clef, la possibilité d'une contraction brutale du crédit." Ben Bernanke fait tout simplement preuve de prudence, explique Xavier Timbeau, directeur du département d'analyse de l'OFCE. L'économie réelle a jusqu'ici été peu affectée par la crise des subprimes, et le pire n'est jamais certain. Mais la question aujourd'hui est de savoir si l'on veut arrêter la voiture avec toute la famille à 3 mètres ou à 1 centimètre du ravin. " Lorsque les choses seront rentrées dans l'ordre, Ben Bernanke aura tout loisir de resserrer sa politique monétaire et ne pas reproduire les erreurs de son prédécesseur.Que penser de l'attentisme de la BCE ? Pour Xavier Timbeau, la position de Jean-Claude Trichet est " dangereuse : si la BCE juge que la Fed agit de manière responsable, elle doit agir dans le même sens " . Pour Antoine Brunet, en revanche, une hausse trop rapide de l'inflation au sein de la zone euro menacerait de faire éclater la zone monétaire. La perte de compétitivité des économies à forte inflation deviendrait tellement insupportable qu'elles n'auraient plus d'autre solution que de sortir de la zone monétaire.
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