Le G7 exhorte les banques à dévoiler rapidement toutes leurs pertes

La crise des subprimes et ses innombrables ramifications menacent de tourner à la crise de confiance. Les grands argentiers de la planète (G7) réunis samedi à Tokyo, faute de s'être accordés sur un plan coordonné de soutien de la croissance mondiale (voir ci-dessous), ont pressé le secteur financier de jouer la carte de la transparence. Le communiqué final du G7 invite ainsi les banques et les institutions financières non bancaires à faire " rapidement et totalement " la lumière sur leurs pertes liées aux prêts immobiliers à risque aux États-Unis ainsi que sur la valorisation de leurs produits structurés liés à ce secteur.Les craintes d'une crise systémique ont suscité un mouvement de défiance sur les marchés financiers allant bien au-delà de la crainte d'une récession américaine : 5.200 milliards de dollars se sont évaporés sur les Bourses mondiales en janvier, selon Standard and Poor's. " La tâche la plus immédiate pour les participants sur le marché est de reconstruire la confiance dans la solvabilité et la robustesse des institutions financières ", estime le Forum de stabilité financière (FSF) dans un rapport préliminaire remis au G7. " C'est la condition nécessaire pour rétablir une liquidité adéquate ", poursuit ce forum créé après la crise asiatique de 1998.Le ministre allemand des Finances, Peter Steinbrück, estime en effet que les banques pourraient être contraintes de passer jusqu'à 400 milliards de dollars de dépréciations. La note pourrait être encore plus lourde si les banques ne trouvaient pas rapidement une solution aux difficultés des rehausseurs de crédit.PLAN DE SAUVETAGECes assureurs d'obligations sont aujourd'hui menacés de perdre leur triple A, la meilleure note accordée par les agences de notation, en raison de leur exposition à la crise des subprimes. Or, si tous les rehausseurs venaient à perdre leur " triple A ", les grandes banques qui détiennent des titres " rehaussés " - notamment des titres gagés sur les crédits immobiliers à risque, les fameux subprimes - seraient contraintes de passer 123 milliards de dollars de dépréciations supplémentaires, selon Barclays. Alors que plusieurs banques travaillent sur un plan de sauvetage, Washington écarte pour l'instant l'idée d'un plan de sauvetage financé sur fonds publics.Face à un risque de nature systémique, le G7 appelle à un renforcement de la gestion des risques de liquidité des institutions financières en accélérant le développement d'une approche internationale au sein du comité de supervision financière du comité de Bâle. Le G7 semble également prendre la mesure des risques posés par le recours croissant des banques aux montages hors bilan - qui permettent d'échapper aux règles prudentielles - pour la stabilité du système financier. Le G7 estime donc que les banques et autres institutions financières doivent améliorer la lisibilité et les déclarations sur leurs créances hors-bilan ainsi que sur les sociétés ad hoc créées pour porter de telles créances.DEUXIEME ECHELLE DE NOTATIONLes agences de notation sont invitées à résorber les risques de conflits d'intérêts entre leurs activités de notation et celles de conseil, notamment dans l'émission de titres structurés. Les principales agences viennent de proposer de créer une deuxième échelle de notation destinée aux produits structurés, distincte de celle qui s'applique à la solvabilité des entreprises. " Il y a manifestement une difficulté avec les échelles de notation pour des produits aussi sophistiqués que les produits structurés ", estimait le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.Conscient qu'il faut éviter des réponses nationales à la crise, les pays européens s'engagent à développer une supervision supra-étatiquede leurs secteurs bancaires,assurantiels et de leurs marchésfinanciers.Un fonds mondial pour le climatLe G7 a appelé samedi à investir dans les pays en développement pour les aider à combattre le réchauffement climatique et envisage la création d'un fonds. Les États-Unis, le Japon et la Grande-Bretagne ont proposé de créer un fonds multilatéral impliquant la Banque mondiale qui gérerait l'aide globale destinée à soutenir des nations pour réduire les gaz à effet de serre. " Il n'y a aucune chance de résoudre ce problème à moins d'accélérer l'utilisation de technologies propres ", a plaidé le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson.
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