Bernard Accoyer : " Les responsables politiques doivent tenir compte de l'inquiétude de l'opinion"

Avec la chute de Nicolas Sarkozy dans les sondages, les inquiétudes montent dans la majorité à l'approche des municipales. Partagez-vous cette inquiétude ?L'inquiétude, je la comprends mais je ne la partage pas. Je pense qu'elle doit conduire à se recentrer sur l'essentiel des campagnes locales et, pour ce qui est de la politique nationale, sur les bons résultats déjà obtenus.Redoutez-vous que la droite prenne une " claque " aux élections de mars ?En 2001, la droite et le centre avaient gagné 40 villes de plus de 40.000 habitants. Les défaites à Paris et à Lyon avaient masqué cette réalité. Mécaniquement, un mouvement de balancier peut être attendu.Pour vous, les dés sont jetés ?Absolument pas. Les élections se déterminent en plusieurs temps. Il reste encore un mois pour faire campagne jusqu'au dernier jour. Nous avons de bons candidats, des projets solides, des listes renouvelées et ouvertes.La perte de confiance de l'opinion vis-à-vis de Nicolas Sarkozy doit-elle amener le pouvoir à revoir le rythme des réformes et à modifier sa politique ?Lorsque l'opinion publique exprime un sentiment ou une inquiétude, les responsables politiques doivent en tenir compte. Il faut maintenir le cap des réformes que les Français appellent toujours de leurs voeux car ils sont lucides, tout en faisant plus de pédagogie sur le rythme et la forme de l'action gouvernementale.La majorité ne semble pas toujours en phase avec l'exécutif. Ce malaise est-il fondé selon vous ?Sur les réformes, il n'y a aucun problème entre l'exécutif et la majorité. Il serait pour le Parlement, mais aussi pour la majorité, beaucoup mieux que le Parlement, comme le prévoit le projet de réforme de nos institutions, joue un rôle plus important dans la finalisation des textes qui portent réformes. J'attends avec impatience la réforme institutionnelle que Nicolas Sarkozy a voulue et qu'il a d'ores et déjà engagée.Celle-ci sera-t-elle votée au printemps ?Je l'espère. C'est nécessaire pour un meilleur fonctionnement de nos institutions. Nous en avons particulièrement besoin en ce moment. Il est indispensable aujourd'hui de donner plus de place au débat et au Parlement. Le projet de réforme institutionnelle est porteur de toutes les avancées attendues par tous les groupes politiques à l'Assemblée : ordre du jour partagé, délai, étude d'impact, place des amendements parlementaires, suivi de l'application des textes, limitation de la procédure d'urgence. Il n'est pas bon que la procédure d'urgence soit presque systématiquement utilisée.Sur le pouvoir d'achat, considérez-vous, comme les députés UMP, qu'il faut en faire plus ?Le débat sur le pouvoir d'achat est mal posé. Il convient de préciser à la fois de quoi on parle et ce que l'on veut. L'effort doit porter sur le salaire net, c'est-à-dire sur le revenu disponible des ménages. L'un des problèmes de la France est le poids des prélèvements pesant sur le travail. Les mesures prises dans la loi Tepa et le texte sur le pouvoir d'achat sont une étape très importante. Je pense qu'il faut aller encore plus loin avec pour priorité la simplification des mesures votées - sur les heures supplémentaires et le rachat des RTT - et l'allégement des charges administratives, fiscales et de cotisations pesant sur le travail.Préconisez-vous de transférer une partie des cotisations sociales sur une autre assiette ?Nous devons avoir le courage, dans la concertation avec les partenaires sociaux, de faire en sorte que l'appareil de production privilégie le maintien et le développement de production de richesses en France. C'est non seulement l'intérêt du pays et des salariés, mais aussi celui des retraités et à terme du maintien de notre protection sociale. Ce débat doit être ouvert.On retrouve l'idée de la TVA sociale. Y êtes-vous favorable ?Non. Un prélèvement n'apporte pas de valeur ajoutée. À l'inverse, on entend beaucoup parler d'une évolution de l'assiette des prélèvements avec une finalité environnementale. Cette perspective me paraît opportune, s'il s'agit bien d'un changement d'assiette et non pas de taxe nouvelle. Je pense que la mise en place d'une fiscalité environnementale offrirait une alternative aux prélèvements actuels sur l'appareil de production et le travail qui nuisent à la compétitivité des entreprises et au pouvoir d'achat des salariés, et par conséquent à la pérennité de nos régimes sociaux.Quelle pourrait être cette fiscalité écologique ?L'idée d'une taxe carbone se substituant à d'autres prélèvements me semble intéressante, sans évidemment augmenter le niveau des prélèvements obligatoires. Ce serait contraire à nos engagements et à l'intérêt général. En revanche, je souhaite qu'à la lumière des priorités actuelles - défense de l'environnement d'une part, et défense de la compétitivité et du pouvoir d'achat d'autre part - nous reconsidérions les financements publics qui restent fondés sur les réalités du siècle dernier et me paraissent dépassés.Le rapport Attali a mis la majorité en émoi. Quelle est votre réaction ?Ce rapport contient beaucoup de mesures indispensables à mettre en oeuvre. Je regrette toutefois la forme et, en particulier, l'injonction aux pouvoirs exécutifs et législatifs que, probablement involontairement, Jacques Attali a donnée à ce rapport. Je souhaite qu'ici, à l'Assemblée nationale, où les commissions permanentes, sur mon initiative, travaillent sur ces propositions, nous puissions rapidement favoriser la mise en oeuvre de beaucoup de ces mesures.Une cinquantaine de textes législatifs sont prévus pour la session de printemps. Le rythme sera-t-il tenu ?Il faudra hiérarchiser les priorités. Le Parlement doit travailler dans la sérénité. Il doit être respecté.Pensez-vous, comme le demande la présidente du Medef, qu'il faut reculer l'âge de la retraite ?Oui. La décision irréfléchie prise dans les ordonnances de 1982 sur la retraite à 60 ans a eu des conséquences incalculables. J'observe qu'elles s'appuyaient déjà sur le principe visant à travailler moins pour partager le travail, principe repris ensuite dans les 35 heures. Cette réforme, à l'époque, a connu le même échec sur l'évolution du chômage.Sur les 35 heures, le Medef demande qu'on puisse déroger à la durée légale, par accord d'entreprise. Qu'en pensez-vous ?J'y suis favorable.S'agissant de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, pensez-vous qu'il faut assouplir la règle dans les zones rurales ?Il faut à la fois respecter l'avancée considérable en matière de santé publique que constitue l'interdiction de fumer dans les lieux publics et faire en sorte de garder des lieux de convivialité dans les villages ou dans certains quartiers.
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