L'Europe va devoir gérer l'arrimage des Balkans à l'UE

Comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Italie, la France a reconnu, lundi, l'indépendance du Kosovo décrétée par le parlement de cette province du sud de la Serbie à majorité albanaise, qui s'était réuni en session plénière extraordinaire à Pristina le 17 février. D'autres pays, dont l'Allemagne et la Pologne, se préparaient à le faire à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne consacrée, hier à Bruxelles, à la définition d'une position la plus convergente possible sur une question qui les divise assez profondément. La déclaration adoptée par le Conseil de l'UE laisse, de fait, chaque capitale libre de la décision de reconnaître formellement la création de ce nouveau pays.Chaque pays, est-il indiqué, " décidera, selon ses pratiques nationales et les règles juridiques ". Alors que l'Italie et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de procéder à la reconnaissance "du Kosovo ", l'Allemagne a laissé entendre que cette décision pourrait être rendue publique ce mercredi. D'autres capitales devraient préciser leur calendrier dans les prochaines heures ou les prochains jours. À en croire le chef de la diplomatie suédoise, la majorité des États membres - seize ou dix-neuf, selon les sources - devrait procéder à cette reconnaissance avant la mi-mars. Six pays au moins devraient cependant rester à l'écart : l'Espagne - en pleine campagne électorale avec les velléités indépendantistes catalanes et basques -, Chypre, la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie et la Slovaquie.Il va maintenant appartenir aux Européens de gérer cette difficile situation. Bien plus qu'aux Américains qui avaient été les premiers à promettre leur reconnaissance. La déclaration réitère, en effet, " la disponibilité de l'UE à jouer un rôle leader dans le renforcement de la stabilité dans la région " et, surtout, " réaffirmer son engagement de soutenir pleinement et efficacement une perspective européenne pour les Balkans occidentaux ". Une manière de promettre un avenir dans l'Union au Kosovo, sans le dire ouvertement, mais aussi, en laissant de côté le problème auquel ces belles promesses se heurteraient si un membre de l'Union au moins devait refuser obstinément de reconnaître ce nouvel État.BELGRADE INTERLOCUTEUR DIFFICILEUne manière aussi de ne pas parler de la Serbie, dont le nom n'est nulle part mentionné dans la déclaration. Seul le président du Conseil italien, Romano Prodi, avait déclaré lundi matin que " la Serbie ne devait pas se sentir abandonnée par l'Europe ". De fait, Belgrade sera un interlocuteur difficile à ignorer dans la mise en oeuvre d'une politique d'intégration progressive des Balkans, réaffirmée par les Vingt-Sept à la mi-décembre. Une politique dont la réalisation devait déjà surmonter des obstacles liés aux spécificités des autres candidats à l'adhésion : Bosnie-Herzégovine, Albanie, Monténégro, Macédoine, et que l'indépendance du Kosovo risque fort d'aiguiser.
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