Le cauchemar de la Banque centrale européenne

La Banque centrale européenne (BCE) vit un cauchemar éveillé : les augmentations salariales obtenues dans la sidérurgie par le puissant syndicat allemand IG Metall sont les plus élevées depuis quinze ans et certains craignent que leurs revendications fassent tache d'huile dans les autres secteurs d'activité de la République fédérale. Sans oublier le risque que la grogne s'empare des salariés des partenaires du poids lourd allemand au sein de la zone euro qui se serrent la ceinture depuis plusieurs années.Pour la BCE, c'est le premier signal de la concrétisation d'effets de second tour qu'elle redoutait par-dessus tout, dans un contexte où l'inflation atteint déjà son niveau le plus élevé de l'histoire de l'union économique et monétaire. À 3,2 % en glissement annuel, elle est en infraction grave : la ligne jaune tracée par les gendarmes de Francfort se situe à 2 %. Cet excès de vitesse manifeste, qui va forcément s'aggraver, pourrait retarder sine die la baisse des taux que les marchés anticipent depuis que Jean-Claude Trichet a adouci le ton. Le 7 février, à l'issue du conseil de la BCE qui avait maintenu le taux directeur à 4 %, son président avait insisté sur les risques exceptionnels qui pesaient sur la croissance de la zone euro, sans toutefois baisser les bras sur une inflation jugée préoccupante. Nul doute que le 6 mars prochain, lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, la colombe d'hier reprendra son plumage de faucon.TAUX : UNE DETENTE PROCHAINE SEMBLE IRREALISTES'il n'est pas envisageable que la BCE procède à la hausse des taux qu'elle avait programmée en septembre et à laquelle elle a dû surseoir face à l'aggravation de la crise des marchés du crédit, une détente prochaine semble tout aussi irréaliste. Mais on imagine mal que Trichet n'ait pas d'états d'âme. Car le ralentissement de l'activité se confirme, notamment au travers des indices PMI des directeurs d'achats. Et le président de la banque centrale la plus puissante du monde conduit la politique de baisse des taux la plus agressive depuis un quart de siècle pour tenter d'éviter un plongeon des États-Unis dans la récession.Les détracteurs de la BCE ne manqueront pas d'enfoncer le clou en accusant la BCE de s'arc-bouter sur son objectif d'inflation alors que Ben Bernanke pourrait bien ramener le taux cible des fonds fédéraux de 3 % à 2,5 % le 18 mars, à l'issue du conseil de la Fed, malgré une inflation annualisée de... 4,3 %. L'indice des prix de détail de janvier diffusé hier est en effet ressortià 0,4 %.
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