Le patronat allemand inquiet après un accord salarial à 5 %

Le patronat allemand de la sidérurgie, en lâchant une hausse de salaires de 5,2 %, plus forte que prévu, au syndicat IG Metall, a-t-il donné le signal de fortes hausses salariales dans le pays ? Le premier accord de branche conclu cette année outre-Rhin a donc fixé la barre assez haut. Pour autant, les économistes estiment que cet accord n'a guère valeur d'exemple pour le reste de l'économie. Mais il semble donner des ailes aux revendications des syndicats européens. John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, a ainsi lancé, lors d'une conférence de presse à Bruxelles : " Notre patience est à bout. Nous voulons des hausses salariales et nous les voulons rapidement. "Pour les patrons de la sidérurgie allemande, l'essentiel aura été d'éviter que le conflit social ne dégénère en grève dure, après des avertissements lancés dans ce sens côté syndical. " L'accord reflète la situation actuelle exceptionnelle d'une branche de l'acier en plein boom ", a commenté le président de la confédération patronale (BDA), Dieter Hundt. Et de prévenir que le présent accord ne " doit en aucun cas servir d'exemple pour les autres branches ". De fait, la sidérurgie représente 0,3 % de la population active salariée et se caractérise par une activité très cyclique.ENCOURAGES PAR LES STATISTIQUESL'électrométallurgie, la branche la plus importante de l'industrie avec près de 3,4 millions de salariés, sert d'ordinaire de repère pour de nombreuses autres branches. Or, cette année, les négociations salariales ne vont débuter dans ce secteur qu'en octobre. Le syndicat IG Metall n'a pas encore fait savoir combien il comptait exiger pour ses salariés, après avoir obtenu 4,1 % de hausse en 2007. Hier, la fédération patronale Gesamtmetall a déjà prévenu que " l'environnement conjoncturel et structurel dans l'électrométallurgie n'autorise un accord collectif du même ordre de grandeur que celui observé dans la branche acier ". Mais il reste que les tensions inflationnistes s'exacerbent : les prix allemands à la production ont enregistré en janvier une hausse mensuelle de 0,8 % (3,3 % sur un an) en raison de l'envol des prix de l'énergie et des produits de base.Ces statistiques ne peuvent qu'encourager les syndicats à mettre fin aux hausses modérées des salaires consenties ces dernières années. De surcroît, deux années de forte croissance offrent matière à en redistribuer les fruits. Olaf Scholz, ministre social-démocrate du Travail, a jugé sur l'antenne de Deutschlandfunk " nécessaire à présent de voir des hausses salariales plus conséquentes ". Et cela d'autant plus que la décrue du chômage est appelée à se poursuivre.Parmi les négociations salariales en cours, la chimie fait face à une revendication syndicale de 7 %. Dans la fonction publique, le syndicat Verdi persiste à réclamer 8 % de hausse pour quelque 1,3 million de fonctionnaires de l'État et des communes. Un rattrapage s'impose selon lui après la dernière augmentation de 1 % datant de 2004. Les économistes estiment que la première économie d'Europe peut supporter une hausse globale de 3 % des salaires, après 1,7 % en 2007.
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