Le Smic pourrait augmenter trois fois en moins d'un an

C'est inédit. Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) pourrait augmenter trois fois en moins d'un an. Une première hausse automatique pourrait intervenir dès le 1er mai, soit deux mois avant la traditionnelle revalorisation annuelle. De fait, le Code du travail prévoit que chaque progression des prix à la consommation d'au moins 2 % par rapport à l'indice du mois de mai précédent (qui sert de référence pour l'augmentation annuelle du Smic en juillet) entraîne la hausse (par arrêté) du salaire minimum dans les mêmes proportions à compter du premier jour du mois qui suit la publication de l'indice.Un phénomène qui ne s'est pas produit depuis douze ans, vu la faiblesse de l'inflation. Or, aujourd'hui, l'Insee va publier l'indice des prix pour le mois de janvier. Déjà, entre mai et décembre, les prix, hors tabac, avaient progressé de 1,4 %, soit une hausse mensuelle moyenne de 0,2 %. Le cours du baril n'ayant pas flanché, il y a de fortes chances pour que le rythme d'inflation ne fléchisse pas, bien au contraire. Dans ces conditions, la barre des 2 % pourrait être franchie dès mars ou avril au plus tard. Dans ce cas, le Smic horaire pourrait être revalorisé dès le 1er mai ou le 1er juin. Si la hausse des prix se limite à 2 %, alors le Smic horaire brut mensuel passerait de 8,44 à 8,61 euros. Et ça ne sera pas fini puisque, dès le 1er juillet, le Smic connaîtra sa traditionnelle augmentation annuelle. Simplement, cette hausse sera limitée (elle avait atteint 2,1 % en 2007) puisque ce ne serait pas, comme d'habitude, l'inflation de mai à mai qui serait prise en compte mais seulement celle enregistrée entre mars (ou avril) et mai.CONSEQUENCE SUR LES FINANCES PUBLIQUESReste la troisième augmentation, pour l'instant hypothétique. Le gouvernement réfléchit à l'opportunité d'avancer de juillet à janvier la hausse annuelle du Smic, afin de mieux coller à la période où se déroulent les négociations salariales dans les entreprises. Après avoir saisi le Conseil d'orientation de l'emploi sur cette question au début de cette année, il envisage maintenant d'introduire cette réforme dans le projet de loi déposé au printemps sur la " conditionnalité " des allégements de cotisations sociales patronales pour la rendre applicable dès le 1er janvier 2009. Rien n'est encore décidé. Mais si c'est le cas, la France connaîtra alors en neuf mois trois hausses successives du Smic. Du jamais vu pour les quelque 17 % de salariés rémunérés à hauteur du Smic. Peut-être aussi un argument supplémentaire pour les partisans d'une réforme drastique du Smic ?Cette situation ne sera pas non plus sans conséquence sur les finances publiques. De fait, chaque progression du Smic induit une hausse automatique des sommes que l'État doit rembourser à la Sécurité sociale au titre des allégements de cotisations patronales accordées aux entreprises sur les salaires compris entre 1 et 1,6 Smic. Pour 2008, ce sont ainsi environ 20 milliards d'euros qui ont été budgétés.
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