Fabricants et distributeurs s'organisent pour riposter

La chasse aux coupables a-t-elle un sens ? Alors que le gouvernement enquête pour déceler les éventuels " abus " qui auraient concouru à la flambée des prix des produits agroalimentaires, industriels et distributeurs ont le sentiment d'être piégés dans un débat tronqué. Et estiment faire les frais d'une colère très politique, à la veille des élections municipales. " Les pouvoirs publics réagissent dans la précipitation à partir d'une étude spectaculaire et partiale , s'indigne Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires. Personne ne nie que les prix alimentaires ont fortement augmenté en ce début d'année. La hausse globale est estimée à 3 % entre octobre et janvier. Mais ce mouvement brutal et conjoncturel succède à trois années - octobre 2004 à octobre 2007 - pendant lesquelles ils ont reculé de 3 %. "Pour leur défense, certains mettent en cause la méthodologie de 60 millions de consommateurs. Au risque de se voir accusés de vouloir casser le thermomètre pour ne pas voir la fièvre. Mais il est vrai que l'enquête a été menée à partir des prix proposés par les enseignes sur Internet, un circuit peu rentable, dont les assortiments s'adressent à une petite clientèle de niveau de vie élevé, et dont le coût des livraisons est directement impacté par la hausse du carburant. Auchan relève ainsi que, si le jambon Fleury Michon est annoncé en hausse de 44 % sur son site entre novembre et janvier, il a baissé dans le même temps de 0,27 % en magasins. Autre biais : le bond de 40 % des yaourts Yoplait s'expliquerait par la fin d'une promotion lancée quelques semaines plus tôt.ACCALMIE DE MISEAu-delà, après s'être renvoyé en début de semaine la responsabilité de la hausse des prix, industriels et distributeurs s'efforcent maintenant de calmer le jeu. Et, sinon de plaider leur cause ensemble, du moins de ne pas jeter de l'huile sur le feu. Sans doute ne voient-ils pas d'un bon oeil les agents de la DGCCRF venir fouiller dans leurs factures, des documents commerciaux jalousement gardés secrets. Il n'y aurait d'ailleurs rien à voir : pour la plupart des acteurs, l'envolée des prix reflète mécaniquement l'augmentation des matières premières agricoles, du pétrole (transport), du carton et de l'aluminium (emballages)... "La plupart des fabricants de pâtes sont dans le rouge, faute d'avoir pu répercuter la totalité de la hausse du blé dur ", souligne-t-on même chez Panzani.Mais le soupçon que le gouvernement fait peser sur la filière en inquiète plus d'un, qui y voit en filigrane la menace d'une mise sous tutelle des marges commerciales. " Il est paradoxal que, tout en lançant une déréglementation du marché via la réforme des lois Galland et Raffarin, les pouvoirs publics évoquent la possibilité de sanctionner des marges qui seraient considérées comme abusives, s'étonne Georges Ferronnière, directeur marketing international chez Nielsen Panel International. Dans une économie concurrentielle, la seule pratique répréhensible ici serait une entente pour aligner les hausses. "
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