L'administration Bush s'attaque au travail clandestin

George W. Bush durcit le ton vis-à-vis des travailleurs clandestins et des entreprises qui les emploient. L'hôte de la Maison-Blanche s'était fait l'avocat d'un programme de " travailleur invité ", torpillé l'an dernier au Sénat. Ce projet de loi aurait permis de régulariser sur une base temporaire quelque 12 millions d'immigrés clandestins travaillant aux États-Unis. Mais les priorités du président ont changé. En cette année électorale, le candidat républicain à sa succession, John McCain, qui avait pourtant soutenu cette réforme, muscle également son discours pour fédérer sa base conservatrice.À la mi-juin, George W. Bush a signé un décret contraignant les entreprises en contrat avec le gouvernement fédéral de participer à E-Verify, programme qui permet de vérifier sur Internet la légalité de leurs employés. Près de 70.000 sociétés y participent déjà et des millions de travailleurs pourraient bientôt être concernés par son développement, estime le département de la Sécurité intérieure (Homeland Security). L'initiative de George W. Bush intervient alors que ce ministère renforce les frontières en dressant un mur de 1.070 kilomètres entre les États-Unis et le Mexique. De plus, Boeing a remporté un contrat pour ériger une " barrière virtuelle " dans l'Arizona, équipée de radars et de détecteurs électroniques.DES RAIDS TRES MEDIATISESAu grand dam des milieux d'affaires, le gouvernement américain ne se contente pas d'être défensif mais passe aussi à l'offensive au sein même des entreprises où les arrestations de clandestins ont été multipliées par dix entre 2002 et 2007. À l'occasion de raids très médiatisés, les services de l'immigration et des douanes ont interpellé 4.077 personnes sur leur lieu de travail l'an dernier et 2.800 depuis janvier. Les sociétés touchées sont diverses : restaurants, abattoirs, usines de textile, de recyclage de matériel de bureau...Cette chasse n'épargne pas les cols blancs. Au début juin, le département du Travail a ouvert une enquête sur les critères d'embauche des clients du cabinet d'avocats Fragomen, Del Rey, Bernsen & Loewy, spécialisé dans le droit de l'immigration. Le ministère entend déterminer si des permis de travail et des cartes de résidence (" green card ") ont été demandés par le cabinet sans que ses clients " aient cherché au préalable à embaucher des Américains qualifiés " . Du fait de cette enquête, 3.000 demandes de " green cards " déposées par des sociétés sont suspendues. Le principal lobby patronal américain, The US Chamber of Commerce, déplore aussi que le Congrès ait fixé des quotas pour les visas temporaires H1-B, réservés aux travailleurs qualifiés, dans une limite de 65.000 par an. Selon Goldman Sachs, " la croissance de la population active des dix dernières années est liée pour moitié à l'immigration, légale ou pas, qui a ainsi stimulé la croissance économique des États-Unis à hauteur d'un demi-point de pourcentage par an " .
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