Le Medef discutera sur les retraites anticipées

Huit mois après le début de la négociation sur la pénibilité au travail, le vrai sujet arrive sur la table. Non sans mal. Les cinq confédérations syndicales ont exigé à l'unanimité du Medef qu'il débatte avec eux de la question de la réparation de la pénibilité au travail. C'est-à-dire la possibilité pour les salariés usés par des années de travaux pénibles de partir en retraite plus tôt que les autres. Depuis le début, les syndicats estiment que cette question de la réparation de la pénibilité des emplois est capitale, ces salariés ayant une espérance de vie réduite à cause de leurs conditions de travail. Ils rappellent en outre que la loi Fillon sur les retraites confie aux partenaires le soin de négocier les modalités de départ en retraite anticipée pour travaux pénibles. "Il est parfaitement inacceptable que le Medef renvoie à la solidarité nationale la question de la réparation alors que les pénibilités sont créées par les entreprises", s'indigne la CFTC. Paradoxe. Car si le Medef a accepté de faire des propositions aux syndicats sur la réparation pour la prochaine séance de négociations, le 2 novembre, il ne devrait guère s'étendre sur les termes de son financement. "On veut reconnaître le principe de la réparation, et renvoyer à plus tard la question du financement, qui peut impliquer d'autres acteurs que les entreprises, comme l'État", a déclaré Rémi Jouan (CFDT). Pour Michèle Biaggi (FO), le Medef "est plein de paradoxes car d'un côté il demande moins d'État et de l'autre que l'État lève l'impôt pour payer la réparation des emplois pénibles". La CGT, qui organisait hier une journée de mobilisation sur la pénibilité des emplois dans la construction, a souligné "le réel blocage du Medef" dans cette négociation, qui exige "pas un centime de plus" pour les entreprises. "Il y a de l'argent dans la profession", a estimé Eric Aubin, secrétaire général de la fédération de la construction, rappelant "les bénéfices réalisés par les grands groupes du secteur". Pour Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral CGT, la question de la pénibilité au travail est "aujourd'hui réglée sur le dos des salariés qui meurent avant d'avoir pu toucher leur retraite". À l'instar de la CGT, la CGC estime que, pour la pénibilité comme pour l'ensemble de la protection sociale, "asseoir le financement uniquement sur les salaires est aujourd'hui insuffisant".Catherine Delgado
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