Lionel Collet : " Moduler les droits d'inscription selon le revenu "

Que va vous apporter l'autonomie élargie ?Aujourd'hui, un président d'université n'a pas la possibilité de s'opposer à des recrutements lorsqu'ils ont été décidés par des commissions internes. Et ceci alors qu'un directeur d'IUT [Institut universitaire de technologie, Ndlr], qui est lui-même dans l'université, a un droit de veto sur ses embauches. Il paraît donc logique de donner ce pouvoir-là aux présidents d'université. À condition toutefois d'instaurer des contre-pouvoirs pour que cela fonctionne de manière démocratique. Il est également important que l'université devienne propriétaire de son patrimoine immobilier. Il conviendrait cependant que l'État le rénove avant de nous le transférer ou, au moins, nous en donne les moyens.L'université française a-t-elle besoin de financements privés ?Elle en a besoin pour se donner une image face au secteur privé. Elle en a besoin également pour faciliter la vie quotidienne, qu'il s'agisse des locaux, des infrastructures, des plates-formes de formation, de la recherche, de l'aide dispensée aux étudiants en difficulté, etc. Cependant, la première source de financement de l'université doit rester l'aide publique. Les crédits privés ne doivent être que des financements d'appoint.Faut-il craindre que les entreprises privées ne prennent une trop grande place dans le monde universitaire ?L'Université française a toujours revendiqué son indépendance. Elle doit travailler en partenariat avec le monde de l'entreprise, y compris sur l'offre de formation et l'offre de recherche, tout en gardant sa capacité de pilotage sur l'ensemble de ses missions.Faut-il, selon vous, augmenter les droits d'inscription ?Plutôt que de les augmenter, il faut les moduler. Dans le système actuel, il y a les boursiers qui ne payent rien et tous les autres qui payent le même prix. Or parmi ces derniers, il y en a qui viennent de milieux défavorisés, mais qui ne répondent pas aux critères permettant d'obtenir une bourse. Je préfère une solution modulée permettant aux étudiants défavorisés de moins payer.La réforme va-t-elle changer votre métier ?Totalement. Je n'ose pas dire qu'on va transformer les présidents d'université en chef d'entreprise parce que c'est un mot qui fait un peu peur dans mon secteur. Mais leur nouveau rôle ressemblera beaucoup au métier de chef d'entreprise. Dans mon cas, il s'agira de gérer un budget de 300 millions d'euros.
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