La formation professionnelle fera peau neuve en 2008

L'acte II de la réforme de la formation professionnelle est programmé. Lors de la conférence sociale du 19 décembre dernier, Nicolas Sarkozy a indiqué qu'un groupe de travail réunissant les " différentes parties prenantes (État, partenaires sociaux, régions) " au débat remettra " pour la fin mars ses conclusions en matière d'objectifs prioritaires et de méthode pour les atteindre ".Cette réforme de la formation, dont le financement représentait 24 milliards d'euros en 2004, a pour objectif, selon la lettre de mission du chef de l'État à Christine Lagarde, ministre de l'Économie et de l'Emploi, de " permettre à chaque Français, à tout moment de sa vie professionnelle, de suivre une formation suffisamment longue pour lui permettre de changer de métier, de filière ou de qualification ". Elle fait suite à un rapport très critique du Sénat, rendu public en juillet, qui plaidait pour une refonte d'un système jugé trop complexe, résultant d'un amoncellement de dispositifs impliquant une multitude d'acteurs, dont les objectifs et les interventions sont " mal coordonnés ".Les sénateurs estimaient également que, de manière " inadmissible ", la redistribution des financements " favorise les grandes entreprises au détriment des petites " et " les salariés formés au détriment des plus fragiles ". Du coup, " ceux qui en ont le plus besoin en profitent le moins ". Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les entreprises de moins de 10 salariés consacrent, en moyenne, 94 euros par an et par salarié à la formation, contre 791 dans les entreprises de dix salariés et plus, le taux de départ en formation dans les TPE est de 12 % contre 22 % dans les PME de 10 à 50 salariés et de plus de 40 % pour l'ensemble des entreprises. Dans le même temps, les salariés sans diplôme ont un taux d'accès à la formation de 13,6 % contre 44,3 % pour les diplômés du supérieur.UN COMPTE EPARGNE FORMATION Unique en Europe, le système de formation professionnelle français, bâti sur l'obligation légale de financement des entreprises à hauteur de 1,6 % de leur masse salariale, fera peau neuve en 2008. La réforme devrait permettre de revisiter la " tuyauterie " de la formation qui fait régulièrement l'objet de critiques et d'amplifier le déploiement des dispositifs prévus par l'accord national interprofessionnel du 5 octobre 2003, signé par l'ensemble des partenaires sociaux (passeport professionnel, validation des acquis de l'expérience ou VAE, droit individuel à la formation ou DIF, période de professionnalisation, etc.), qui avaient prévu d'en faire un bilan en 2008. Elle pourrait aussi s'appuyer sur certaines propositions du Sénat, comme la création, à partir du DIF, d'un compte épargne formation permettant de transférer ce droit lors de la cessation du contrat de travail.Réclamée par les syndicats, cette transférabilité suscite beaucoup de réserves au sein du camp patronal qui a cependant fait des avancées dans le cadre de la négociation sur le marché du travail qui doit se terminer par des négociations marathon les 9 et 10 janvier prochains. Les sénateurs proposaient également de développer " un service de remplacement des salariés partis en formation " pour les PME. Car aujourd'hui, expliquait Pierre Martin, président de l'UPA, lors des Premières Rencontres parlementaires sur la formation professionnelle organisées le 11 décembre dernier, " il est difficile dans nos entreprises de faire partir nos collaborateurs en formation ". De son côté, Jean-François Roubaud, président de la CGPME, prévient : " Ne cassons pas quelque chose qui ne marche pas si mal, même si on peut l'améliorer. "
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