Nicolas Sarkozy infléchit son discours sur le pouvoir d'achat

Changement de cap. Après les cadeaux fiscaux qui ont marqué le début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy place l'année 2008 sous le signe des réformes qualitatives dans le but de conduire une " politique de civilisation " susceptible de " réhumaniser la société ". Habileté d'un président qui admet lui-même son impuissance à répondre au lancinant problème du pouvoir d'achat qui hante les Français vu que " les caisses sont vides ", comme il l'a lui-même reconnu hier, lors de sa première conférence de presse depuis son arrivée à l'Elysée ? Après les 14 milliards d'euros distribués l'an passé, les Français, qui placent toujours le pouvoir d'achat en tête de leurs préoccupations et commencent, selon les sondages, à douter des intentions élyséennes, ne doivent pas s'attendre à une politique très généreuse en provenance de l'État.La feuille de route qu'a tracée hier Nicolas Sarkozy pour l'année 2008 privilégie d'abord les réformes de structure qui s'inscrivent dans une politique de longue durée et touchent à tous les aspects de la vie : l'environnement, la santé, l'urbanisme (il s'impliquera " personnellement " dans le chantier du Grand Paris), le logement, l'école, la revalorisation du travail. Fidèle à son programme de campagne, le président veut aller vite pour " remettre la France en mouvement " et " porter le changement ". Il balaie d'un revers de la main ceux qui lui reprochent d'agir dans la précipitation et réaffirme sa volonté de " modifier tout en même temps "." CONCILIER IDENTITE ET MODERNITE "" Après des décennies de réformes différées, de réformes manquées, après des décennies de conservatisme et de pensée unique, de chômage de masse, de relâchement du lien social, de stagnation des salaires, de déficits et d'endettement, l'urgence est partout ", estime-t-il. Loin de ralentir le rythme des réformes, le chef de l'État va continuer de presser le pas pour faire émerger une nouvelle France dans le but de " concilier identité et modernité ".Les chantiers à l'ordre du jour de l'année 2008 sont nombreux. Discret sur le thème du pouvoir d'achat, qui avait été au coeur de sa campagne, Nicolas Sarkozy a reconnu hier pour la première fois, sans aucune réserve, qu'il souhaitait la fin des 35 heures en 2008. Dans ses discours de campagne, il s'était montré plus prudent, en mettant en avant la notion de " libre choix " qui serait laissé à chaque Français, libre, s'il le souhaitait, de renoncer aux 35 heures pour améliorer sa feuille de paie, ou au contraire de privilégier son temps libre. Changement de discours aujourd'hui. Les 35 heures sont " l'une des erreurs économiques et sociales les plus graves commises dans notre pays depuis vingt-cinq ans ", a renchéri François Fillon, après l'intervention du chef de l'État.Le Premier ministre vient de demander aux partenaires sociaux de conduire une négociation pour permettre aux entreprises de remonter au-delà de 35 heures le seuil de déclenchement des heures supplémentaires et de fixer la majoration de salaires qu'elles entraînent. Une façon d'enterrer la durée légale de 35 heures. Faute d'accord entre le patronat et les syndicats, le gouvernement serait prêt à légiférer sur cette question.Pour la défense du pouvoir d'achat, Nicolas Sarkozy s'en remet aux entreprises. Il brandit à nouveau la menace de supprimer les exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui ne conduiront pas de négociations salariales. " Nous le ferons en 2008, je ne serai prisonnier d'aucun lobby ", promet-il. Il mise aussi sur le développement de la participation et de l'intéressement dans toutes les entreprises, s'engageant à moduler l'impôt sur les sociétés pour les petites entreprises qui ouvriront ce chantier (voir ci-contre).Quant au projet d'instaurer une TVA sociale, il pourrait bien revenir prochainement sur le devant de la scène. Nicolas Sarkozy reconnaît que ce fut " une erreur d'en parler sans le faire ". Même s'il juge ce terme " absurde " et suggère de le remplacer par " transfert de charges de la production à la consommation "... Un débat qui rebondira à coup sûr... après les municipales, à l'occasion de la remise à plat des prélèvements obligatoires.Simone veil chargée des nouveaux droits" Je souhaite que le préambule de notre Constitution soit complété pour garantir l'égalité de l'homme et de la femme, pour assurer le respect de la diversité et ses moyens, pour rendre possibles de véritables politiques d'intégration, pour répondre au défi de la bioéthique. " Le chef de l'État a demandé à Simone Veil, qui l'a accepté, de présider la commission qui sera chargée de rédiger un projet de texte. " Il s'agit que sur les problèmes philosophiques, moraux, éthiques posés par la modernité, notre Constitution soit en avance sur notre temps et non pas en retard ", a-t-il expliqué. Le chef de l'État s'est dit " volontiers " prêt à ne pas employer l'expression " discrimination positive ", si l'on assure la " diversité dans notre pays ". " La diversité ne s'exprime pas assez dans notre société ", a-t-il martelé, évoquant notamment la composition du corps judiciaire, préfectoral, celui des commissaires de police ou encore des " élites ", qui portent le " même costume " et fréquentent les " mêmes écoles ".
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