Un État myope dans sa gestion immobilière

Le sujet est familier de la Cour des comptes. Comme le rappelle le rapport, " la Cour a souvent critiqué la gestion par l'État de ses immeubles ". Un parc dont la valeur est estimée à près de 50 milliards d'euros.Cette année, la Cour ne livre cependant pas de diagnostic global du sujet. En février 2006, une réforme de la politique immobilière d'État a abouti à la création de l'agence " France-Domaines ", ce qui " doit conduire à des changements significatifs ", rappellent les magistrats. La Cour a donc estimé qu'il était " encore trop tôt pour porter une appréciation " sur cette nouvelle stratégie, et axé ses travaux sur cinq opérations " majeures " réalisées ces derniers mois. La conclusion n'est guère brillante : " chacun de ces exemples montre combien le bon exercice de la fonction immobilière requiert une maîtrise d'expertises à la fois techniques, juridiques et financières, dont la conjonction est encore trop rare et surtout mal valorisée ". " De façon générale, on peut dire que l'État aura fait preuve, dans toutes ces opérations, d'une myopie coûteuse ", a estimé hier Philippe Séguin, lors de la conférence de presse.SURCOUT DE 40 MILLIONS AU MINISTERE DE L'INTERIEUROn retiendra surtout les réserves que formulent les magistrats sur les montages dits " innovants pour financer des localisations nouvelles, sortes de partenariats public-privé " . Des réserves intéressantes, alors que ces formules sont en plein essor ! Le principe est de faire construire et acheter par un autre, l'État remboursant au fur et à mesure les annuités. Or, ce procédé s'est révélé dispendieux, selon la Cour des comptes, qui a évalué à 40 millions d'euros le surcoût lié à l'opération de relocalisation des directions de renseignement du ministère de l'Intérieur à Levallois-Perret ! Et cela parce que " l'on a visiblement oublié que l'État peut emprunter à un taux plus bas que les sociétés auxquelles il fait appel " , ironise Philippe Séguin. Le relogement des Affaires étrangères sur l'ancien site de l'Imprimerie nationale est un autre exemple de " myopie " de l'État. L'immeuble a été cédé pour 85 millions d'euros à une société privée, qui l'a revendue après travaux à l'État... 325 millions d'euros !
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