Un Medef heureux mais...

En ce début d'année 2008, tout, ou presque, devrait concourir à la bonne humeur patronale. Nicolas Sarkozy, invité d'honneur de l'université d'été du Medef en 2006, est entré à l'Élysée. Avec lui, une bonne partie des revendications patronales sont en passe de devenir une réalité : bouclier fiscal, suppression de l'impôt forfaitaire annuel en 2009, allégements des droits de succession... Le slogan " travailler plus pour gagner plus " correspond à la philosophie du Medef qui mène une lutte acharnée contre les 35 heures. La volonté du chef de l'État d'adapter la France à la mondialisation répond parfaitement à la doctrine du Medef, résumée dans l'ouvrage Besoin d'air, paru l'an dernier.Sur le plan social aussi, le Medef est sur un petit nuage. Le pays est entré dans un cycle de négociations sociales qui, in fine, devrait modifier le paysage dans le sens qu'il souhaite. Sous la pression du gouvernement, un accord a été obtenu avec quatre organisations syndicales (sauf la CGT) sur la modernisation du marché du travail. Certes, il ne va pas aussi loin dans la flexibilité que l'aurait voulu le Medef mais " qui aurait cru, il y a quatre ans, que nous aurions pu négocier sur un tel thème avec les syndicats et obtenir un CDD de projet ", souligne Jacques Creyssel, directeur général du Medef. D'autres réformes vont suivre : représentativité syndicale, financement de la formation professionnelle, fixation du Smic, retraites, fixation des normes sociales...Bref, tout devrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes au sein de l'organisation dirigée par Laurence Parisot. Et pourtant demeure un léger doute, un petit malaise. L'affaire UIMM (patronat de la métallurgie) a certes conduit à " neutraliser " son président, Denis Gautier-Sauvagnac, qui ne passait pas pour le plus farouche admirateur de la présidente du Medef. Laurence Parisot a astucieusement réagi en exigeant la certification des comptes de toutes les organisations adhérente du Medef. Mais ce scandale financier a entaché l'image patronale dans l'opinion publique, sujet qui préoccupe beaucoup Laurence Parisot, soucieuse de " réconcilier les Français avec l'entreprise ". Car ce n'est peut-être pas fini. " Nous avons été moins chanceux que d'autres fédérations professionnelles, qui ont pourtant aussi eu des pratiques pas toujours très claires " confiait il y a quelques semaines, amer, un cadre de l'UIMM. D'ici à signifier que d'autres cadavres pourraient sortir du placard. Depuis, l'affaire Société Générale n'a pas non plus fait du bien à l'image de la finance.Laurence Parisot, elle-même, n'est pas exempte de critiques. Certes, la présidente a assis son autorité sur l'organisation et a su placer progressivement ses proches aux postes clés. Mais sa stratégie n'est pas toujours bien acceptée : " Elle se soucie un peu trop des sujets sociétaux, comme l'intégration ou l'insertion des jeunes, et ne va pas assez sur le terrain de la défense des intérêts fiscaux ou sociaux des entreprises " regrette ce permanent d'un Medef territorial.SARKOZY EN BAISSE DANS LES SONDAGESD'autres lui reprochent de ne pas avoir voulu exploiter davantage " l'affaire UIMM " pour desserrer l'emprise de la métallurgie sur le Medef. " Certes, elle fait de Cathy Kopp [DRH du groupe Accor] le chef de file de la négociation sur le marché du travail. Mais les experts sociaux de l'UIMM n'étaient pas loin. Or, en matière sociale, elle pourrait davantage s'appuyer sur le Syntec [la fédération des cabinets conseil] ", regrette un membre du Conseil exécutif. Autre interrogation qui agite le siège du Medef avenue Bosquet : que va faire le directeur général Jacques Creyssel dont la rumeur du départ devient récurrente ?Le risque de récession qui plane sur les États-Unis et la situation politique inquiètent aussi. La dégringolade de Nicolas Sarkozy dans les sondages ne va-t-elle pas le conduire à calmer ses ardeurs réformatrices et à se " chiraquiser " ? Déjà, au Medef, on estime que la réforme du temps de travail risque de ne pas aller assez loin. On est encore loin du désamour avec la majorité politique au pouvoir. Mais quelques petits nuages sont apparus dans un ciel jusqu'ici dégagé.Un " tigre " dans le moteur" Mettez un tigre dans l'offre France " ! Après " Besoin d'Air ", le livre-programme du Medef, c'est le nouveau slogan par lequel Laurence Parisot appelle, dans l'édition 2008 de " Cartes sur table ", qui sera distribué aujourd'hui lors de sa convention, à " structurer, fortifier, dynamiser, réinventer le potentiel économique de la France ". En 90 pages, c'est la contribution du Medef aux réflexions pour relancer la croissance en France.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.