Le plan banlieues n'aura pas d'effet avant la fin de l'année

Les habitants de banlieues n'ont pas eu leur plan " Marshall ", mais seulement un plan " Espoir ". Qui plus est, ils vont devoir prendre leur mal en patience. Par-delà les polémiques sur son manque d'envergure financière, le plan tant attendu, et dévoilé vendredi à l'Élysée par Nicolas Sarkozy, n'aura pas d'effets concrets avant 2009... Fadela Amara - dont l'action a été saluée par le président de la République - l'a affirmé elle-même sur France 2 : c'est " en fin d'année " qu'on pourra " commencer à voir les premiers effets ". Pour la secrétaire d'État à la Politique de la ville, le plan lance avant tout une " dynamique ".De fait, les mesures annoncées par le chef de l'État supposent l'ouverture de négociations, d'expérimentations et l'engagement de tous les acteurs concernés. Ce qui diffère forcément leur application, voire la rend plus aléatoire.C'est le cas, très logiquement, pour la mise en service de transports collectifs, afin de désenclaver les quartiers. L'État doit flécher vers les banlieues 500 millions d'euros, sur les 4 milliards qu'il a prévu d'affecter sur dix ans dans le cadre du Grenelle de l'environnement aux transports en sites propres. " Une partie " sera réservée à l'Île-de-France. Mais reste à s'entendre avec les collectivités locales, cofinanceurs de ce projet ! Jugé " indispensable " par Nicolas Sarkozy, le tramway de Clichy-Montfermeil représente à lui seul 150 à 200 millions d'euros d'investissements. La répartition des 500 millions risque donc d'être ardue...La réforme de la répartition des dotations de l'État aux collectivités risque aussi d'engendrer des négociations difficiles, les communes les plus " riches " freinant des quatre fers pour donner aux plus " pauvres ". Michèle Alliot-Marie doit préparer pour la loi de finances 2009 un projet de réformes en ce sens. Pour agir au plus vite, l'Association Ville et Banlieue devrait demander un rendez-vous à Bercy dès cette semaine.CHAQUE MINISTERE EST INVITE A DEGAGER DES MOYENSL'objectif de " ramener 100.000 jeunes vers l'emploi " suppose, lui, que les entreprises répondent à l'appel. Certes, 30 grandes entreprises se sont déjà " engagées " sur 7.000 emplois en 2008. Mais cela ne fait pas le compte. Le " contrat autonomie " créé, qui renoue avec la stratégie des parcours individualisés de retour à l'emploi, doit être expérimenté pendant trois ans auprès de 45.000 jeunes, soit un quart de l'effectif total des jeunes sans emploi dans les zones urbaines sensibles. D'une durée de six mois, il ne garantit toutefois pas le retour à l'emploi, puisqu'il pourra aussi déboucher sur un contrat d'apprentissage ou une formation qualifiante.Quant aux nombreuses mesures éducatives, que ce soit la création de sites " d'excellence scolaire ", la généralisation des " écoles de la deuxième chance " ou la " multiplication des internats de réussite éducative ", elles sont loin d'être financées (à charge de Xavier Darcos, ministre de l'Éducation nationale, de faire avec son budget). Tandis que les syndicats d'enseignants ont déjà réclamé une concertation à leur sujet.In fine, chaque ministère est invité à dégager des moyens pour les banlieues, et à élaborer un programme sur trois ans " de mobilisation de leurs services sur les quartiers ". Mais s'impliqueront-ils tous ? Et avec quels moyens ? " Avant juin, chacun devra présenter des objectifs ambitieux de réduction des écarts entre ces quartiers et l'ensemble du territoire ", a demandé Nicolas Sarkozy. Lequel a aussi annoncé la généralisation des " délégués de l'État " dans les 350 quartiers " les plus difficiles " d'ici au 1er septembre.
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