La consommation médicale a été maîtrisée en 1996

Succès du plan Juppé ou simple confirmation d'une tendance amorcée en 1992 ? Prudente, la Commission des comptes de la santé, qui a rendu son rapport vendredi dernier, refuse de se prononcer. Il n'empêche, les résultats sont là : après avoir connu un fort rebond en 1995, la consommation médicale totale des ménages s'est ralentie en 1996 : chaque français a dépensé en moyenne 12.276 francs pour se soigner, soit une hausse de 2,9 % par rapport à 1995, légèrement supérieur à celle du PIB Coût : 9,8 % du PIB. En réalité, ce ralentissement s'observe depuis 1992, date de l'entrée en vigueur des premières mesures de maîtrise de la consommation médicale, et de la prise de conscience des médecins libéraux de la nécessité de faire des économies. Mais elle reste fragile : en 1995, il a suffi d'une épidémie de grippe, et de quelques propos démagogiques à destination des médecins lancés lors de la campagne présidentielle pour qu'elle bondisse de nouveau. La France reste encore dans le peloton des têtes des pays industrialisés pour les dépenses de santé, qui représentent 9,8 % du PIB. Au sein de l'OCDE, seuls les Etats-Unis et l'Allemagne font mieux. L'hôpital a fourni l'essentiel de l'effort de maîtrise. En 1996, le taux de progression dans le secteur public hospitalier a été de 2,7 % en valeur, 3 points de moins que l'année précédente ! Le gouverne- ment avait imposé une cure d'austérité, en fixant le taux d'évolu- tion du budget global (budget affecté à chaque établissement) à 2,1 %. Surtout, il n'y a pas eu d'augmentation des salaires dans la fonction publique hospitalière. On peut s'interroger sur la capacité du secteur a fournir le même effort pour 1997. Le gouvernement a bien fixé, en début d'année, un taux d'évolution très faible, 1,25 % seulement. Cela passe par des suppressions de postes, et des restructurations des services. Après déjà plusieurs années de vaches maigres, la rigueur a du mal à passer auprès du personnel hospitalier. Celui-ci, fortement syndiqué, compte bien profiter de l'arrivée de la gauche pour obtenir des rallonges budgétaires. Jusqu'ici, le gouvernement s'est bien gardé de parler de mesure globale. Il affirme vouloir examiner les problèmes au cas par cas. Reste à savoir s'il parviendra à résister longtemps aux surenchères syndicales. Qui paye ? Côté médecine libérale, le ralentissement de la consommation est moins important, sauf pour les dépenses de pharmacie : en 1996, chaque Français a consacré 1.613 francs chez le médecin, et 2.216 en médicaments, respectivement 3 % et 2,4 % de plus que l'année précédente. Qui paye ? La Sécurité sociale reste bien le premier financeur. Mais sa part ne cesse de baisser depuis les années 80. En 1996 encore, elle a diminué de - 0,4 %, du fait de l'augmentation du forfait hospitalier décidée par Alain Juppé en 1995. Fort logiquement, les organismes de couverture complémentaires (mutuelle et assurances privées) prennent le relais. Globalement, la part qui reste aux ménages reste stable, à 13,8 %. Mais avec de grandes différences entre ceux qui disposent d'une couverture complémentaire, et les 13,5 % des français qui n'en ont pas, principalement les chômeurs, et les jeunes... Isabelle de Gaulmyn
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