Les prix ont augmenté de 2,1 % seulement en 1995

Symptomatique de l'atonie de l'activité et de la consommation, l'inflation a de nouveau atteint un niveau plancher en 1995. En dépit du relèvement de deux points de la TVA le 1er août, l'année s'est achevée sur une hausse des prix à la consommation de 2,1 % seulement par rapport à décembre 1994, selon les chiffres provisoires de l'Insee. A 1,7 % en moyenne annuelle, l'inflation franchit même des planchers historiques, atteints seulement en 1956 et 1994. La politique de désinflation compétitive adoptée sous le gouvernement Fabius, après l'expérience ratée de la relance de 1981, a permis de ramener l'inflation de 9,6 % en 1983 à moins de 2 %. L'inflation sous-jacente, qui mesure la hausse des prix hors alimentation, énergie, tabac et hausse de la pression fiscale, est passée de 1,5 % en décembre 1994 à 1,2 % fin 1995, selon l'Insee. Mais cette langueur des prix ne laisse pas d'inquiéter de nombreux économistes. « C'est le signe d'un état assez dépressif », souligne Philippe Sigogne, directeur du département des diagnostics de l'OFCE. « C'est un signe morose, car cela reflète une mauvaise situation conjoncturelle », renchérit Jean-Luc Biacabe, économiste à la chambre de commerce et d'industrie de Paris. Cette modération des prix est le reflet de la concurrence acharnée que se livrent les entreprises, comme les distributeurs sur les prix pour conserver ou gagner des clients. Résultat, les marges sont comprimées, ce qui réduit d'autant les rentrées fiscales de l'Etat. Consommation poussive, concurrence accrue expliquent que les entreprises ont en grande partie absorbé le relèvement de 18,6 % à 20,6 % du taux normal de la TVA sans la répercuter sur les consommateurs. Si, pour l'Etat, cela signifie de moindres rentrées de TVA, cela a en revanche contribué mécaniquement à une progression plus soutenue que prévu du pouvoir d'achat des ménages. Il a augmenté de 2,9 % en 1995, soit sa plus forte hausse depuis cinq ans, souligne-t-on au ministère de l'Economie. Ce ne sera malheureusement plus le cas en 1996. L'inflation en fin d'année s'avère finalement inférieure aux prévisions du gouvernement qui avait retenu une hausse des prix de 2,4 % en glissement et de 1,9 % en moyenne pour l'élaboration de son budget 1995. « La faiblesse persistante de l'inflation sous-jacente résulte d'abord de l'absence de tension sur les coûts de production », indique l'Insee dans sa dernière note de conjoncture. En d'autres termes, la faible progression des prix n'est que l'expression de la stagnation de l'activité dans laquelle est plongée l'économie française depuis le printemps. Mais aussi, dans une moindre mesure, la conséquence de « l'appréciation du taux de change effectif du franc en 1995 qui a modéré les prix d'importation », souligne l'Insee. Le ralentissement de l'inflation devrait se poursuivre cette année, avec une progression en moyenne annuelle de 1 à 1,5 %, soit un nouveau record de modération, estime Philippe Sigogne. X. H.
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