ÉTUDE + La pauvreté frappe plus d'un ménage français sur dix

Alors que le gouvernement prépare un nouveau projet de loi de lutte contre les exclusions, l'Insee a publié hier des indications qui vont nourrir les débats. L'institut dresse un sombre tableau : un peu plus d'un ménage français sur dix vit en dessous d'un seuil de pauvreté, fixé à 3.200 francs par mois pour une personne seule. Un chiffre à comparer au RMI (revenu minimum d'insertion), qui plafonne à 2.402,99 francs dans cette situation, soit 800 francs en dessous du seuil. Pour une famille avec un enfant, l'Insee évalue la limite à près de 5.800 francs, quand le RMI vaut 4.325 francs. Depuis une dizaine d'années, la pauvreté frappe de plus en plus les jeunes ménages, les ouvriers, les employés et les familles monoparentales. En revanche, les agriculteurs et les personnes âgées, traditionnellement concernées, ont vu leur sort s'améliorer. D'après un autre rapport, publié par l'ex-Cerc (Centre d'études des revenus et des coûts), le nombre de ménages vivant avec moins de 3.500 francs par mois a augmenté de 43 % en vingt-cinq ans. Le modèle danois. Maigre consolation, la France se situe dans la moyenne de l'Union européenne, à mi-distance entre le Danemark, qui, avec 4,7 % de ménages démunis, fait figure de modèle, et le Portugal, dernier de la classe. Mieux : elle offre une certaine protection aux plus jeunes, contrairement à ses voisins. Les enfants représentent 23 % des personnes qui vivent dans un ménage pauvre en Europe, alors qu'ils ne forment que 19 % de la population. Ils sont tout particulièrement touchés en Angleterre, en Italie et au Portugal. La France, avec 7,3 % d'enfants pauvres, témoigne donc d'une relative clémence. Celle-ci s'explique, selon l'Insee, par le niveau de la protection sociale. « Les prestations familiales et les bourses d'études représentent un quart des revenus des familles de quatre enfants ou plus », note le rapport, qui précise que les familles nombreuses sont plus souvent pauvres que riches. Voilà une indication à porter au débat sur le plafonnement des allocations familiales. Le fort taux d'activité des femmes seules avec un enfant fournit une autre explication. Quand la moitié des Anglaises dans ce cas vivent sous le seuil de pauvreté, elles ne sont que de 25 % à 30 % des Françaises. Mais c'est une nouvelle fois le Danemark qui se distingue. Seuls trois enfants sur cent y sont touchés par la pauvreté. Nicolas Prissette
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