La fin du silence

Depuis quelques mois, le pouvoir s'était montré particulièrement discret à la télévision. Jacques Chirac n'intervenait que pour évoquer les sujets qui lui tiennent à coeur, au premier rang desquels la réforme de la défense nationale. Le chef de l'Etat devrai rompre ce silence des ondes le 14 juillet. Son Premier ministre, lui, avait choisi un mode de communication très ciblé : des conférences de presse thématiques, dans un studio fabriqué à cette fin à Matignon, consacrées à la réforme fiscale, l'éducation ou la crise de la « vache folle ». Mais à force de se limiter à ces interventions ponctuelles, le couple exécutif a de nouveau donné libre cours à l'in- quiétude de l'opinion, dont témoignent des sondages médiocres, ainsi qu'au scepticisme de la majorité. La semaine dernière, les parlementaires du RPR et de l'UDF n'ont pu dissimuler leurs craintes, voire leurs doutes sur le bien-fondé de l'action gouvernementale. La réunion du groupe RPR à l'Assemblée, le 25 juin, s'est ainsi transformée en forum de débat sur l'opportunité de changer de politique. Dans « le Nouvel Observateur » de cette semaine, Philippe Séguin remarque qu'« une belle croissance ne suffira pas à amener le plein-emploi » et ajoute : « Ramener les déficits publics et sociaux à moins de 3 % du PIB avec une croissance inférieure à 3 %, c'est du masochisme, avec 5 % à 6 %, ce ne serait d'ailleurs pas forcément synonyme de bonne gestion. » Pierre Mazeaud (RPR) se demande pour sa part s'il ne faut pas « un petit peu d'inflation ». De son côté, Nicolas Sarkozy souhaite « deux inflexions, sur les impôts et les critères de Maastricht ». La réforme fiscale, qui sera l'un des sujets majeurs de la rentrée, inspire aussi l'UDF. Son président, François Léotard, entend influencer le projet gouvernemental. Quant à Alain Madelin, il a fait la semaine dernière, devant les députés de la confédération, une sortie remarquée sur ce thème, estimant que Juppé faisait « fausse route ». Face à cette « impatience », selon l'expression pour le moins apaisante du secrétaire général du RPR, Jean-François Mancel, et alors que les affaires alourdissent un climat déjà assombri par la conjoncture économique, le gouvernement voulait donc renforcer ses efforts d'explications. Convaincu, selon le pronostic du même Mancel, que « si les élections législatives devaient avoir lieu dimanche, la majorité les remporterait ». Eric Mandonnet
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