Les ministres réfractaires s'inclinent devant la rigueur

François Bayrou a finalement cédé. Le ministre de l'Education avait, jusqu'à ces derniers jours, refusé de transmettre à Bercy ses propositions de dépenses pour 1997. Il ne souhaitait pas se soumettre au cadrage fixé par les Finances et Matignon à la fin du mois de mai, lors de l'envoi à tous les ministres de « mandats de préparation », annonçant pour chacun d'entre eux une baisse ou une très faible hausse du volume global des dépenses en 1997. Objectif général du Premier ministre : geler les dépenses de l'Etat au niveau de 1996, soit 1.552 milliards de francs. Nombre de ministres se sont montrés immédiatement coopératifs et solidaires des objectifs du gouvernement, remarque-t-on Rue de Bercy. A l'exception de François Bayrou et des titulaires des portefeuilles de la Justice (Jacques Toubon) et de la Culture (Philippe Douste-Blazy). Mais le ministre de l'Education vient de remettre son dossier, décidant in fine de jouer le jeu. Sans doute a-t-il mesuré les risques de son refus de négocier, qui aurait en fait conduit à laisser les coudées franches au budget. Il en a été de même pour Jacques Toubon, et Philippe Douste-Blazy. Ils avaient tous deux transmis des propositions, mais elles étaient totalement incompatibles avec les normes édictées en mai. Ils ont dû revoir leur copie. Pour l'éducation, le cadrage était et reste particulièrement rigoureux, puisque François Bayrou ne s'est vu accorder qu'une hausse de 1,4 % de son budget : compte tenu de la dérive mécanique de la masse salariale, liée notamment à l'ancienneté, cette progression cache mal un gel des moyens de l'Education nationale. Inacceptable pour la Rue de Grenelle ! C'est pourtant sur cette base que les négociations viennent de débuter entre les directeurs d'administration de l'éducation et les budgétaires de la Rue de Bercy. La question des effectifs de l'éducation est bien sûr au centre des discussions (voir ci-dessus). Jacques Toubon s'est vu quant lui notifier un budget en hausse de moins de 1 % en 1997. Alors même que la justice devrait voir ses dépenses progresser véritablement, sous l'effet d'une loi de programmation dont l'application a commencé en 1995. D'où des propositions soumises à Bercy allant bien au-delà. Sans succès. La Place Vendôme a donc revu son chiffrage pour se rapprocher de l'épure, et les négociations ont pu commencer. Jacques Toubon espère tout de même arracher plus de 1 % de progression. C'est en fait Philippe Douste-Blazy, ministre de la Culture, qui a dû consentir l'effort le plus important. « Votre budget devra baisser de 15 % en 1997 », lui a dit en substance le Premier ministre en mai dernier. Là aussi, une tentative a été faite par la Culture de présenter un contre-budget nettement moins rigoureux. L'argument choc : Jacques Chirac s'est engagé à consacrer 1 % du budget de l'Etat à la culture. Mais cet engagement date sans doute d'une époque révolue... A cet égard, l'annonce par le ministre de la Culture d'une réduction significative du gel de crédits sur son budget 1996 (le montant gelé aurait été ramené de 1,2 milliard de francs à 200 millions) est démentie Rue de Bercy. Ivan Best
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