Les dépenses de santé repartent à la hausse

Alors qu'avril avait marqué pour la première fois une légère décrue des dépenses de l'assurance maladie, mai affiche une hausse de 0,6 % par rapport à avril. Certes le plan Juppé n'est pas encore entré véritablement en application. Mais le gouvernement avait tablé sur un effet psychologique qui aurait amené les médecins à « s'auto-discipliner ». Ce n'est apparemment pas le cas. Progressivement, les chances pour le gouvernement de gagner son pari de 2,1 % d'augmentation des dépenses sur l'année 1996 s'amenuisent car, si la tendance actuelle se poursuit, la progression annuelle des dépenses de médecine de ville excédera de plus de 2 points l'objectif fixé par le gouvernement, estime la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam). Ce mauvais résultat est imputable à une très forte progression des dépenses de remboursement d'honoraires privés (+ 1,3 %) et de prescriptions (+ 1,5 %). A noter aussi : le poste pharmacie a une fois de plus progressé de 1,5 % en mai. D'où le nouveau discours du gouvernement à l'égard de l'industrie pharmaceutique, exprimé par Jacques Barrot, ministre des Affaires sociales, venu inaugurer vendredi un centre de recherche du groupe pharmaceutique Servier. « Il nous faudra faire des choix, a-t-il dit à Orléans à l'adresse des laboratoires. Il n'est plus question d'accumuler les dépenses sans évaluation. » Précisément, le système de santé ne peut plus s'offrir un produit nouveau tous les deux mois, qui lui coûte plusieurs centaines de millions de francs. Cela passe d'abord par la suppression de certains usages du médicament qui ne se justifient pas au point de vue médical. La commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM), instance qui délivre les autorisations de commercialisation, sera chargée de « revisiter » les anciennes autorisations. Le gouvernement fixera ensuite de nouvelles orientations au Comité économique du médicament, qui conclut avec les laboratoires des conventions pluriannuelles. A Orléans, Jacques Barrot a indiqué que ces nouvelles orientations figureront dans l'accord cadre que le comité économique passera avec le Snip (Syndicat national de l'industrie pharmaceutique), celui-ci devant être conclu avant la fin de l'année. Enfin le ministre des Affaires sociales a rappelé les négociations qui viennent de s'ouvrir avec les représentants des officines pharmaceutiques, pour « traiter du rôle du pharmacien dans la distribu- tion du générique » (La Tribune du 24 juin). La Caisse d'assurance maladie va d'ailleurs envoyer de son côté une lettre aux médecins leur recommandant de prescrire des génériques chaque fois que possible. De même, la Mutualité française devrait publier, mi-juillet, une liste complète de l'ensemble des génériques actuellement disponibles dans les pharmacies. ISABELLE DE GAULMYN
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