PROMOTION + La Cnam tente de relancer le carnet de santé

Par souci de commodité, ses promoteurs l'avaient conçu petit et discret. Trop discret ? Le carnet de santé, lancé à grand coup de publicité il y a six mois, en est resté à une utilisation quasi confidentielle. Un patient sur dix seulement le montre régulièrement à son médecin, selon une étude de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam). Dans ces conditions, fallait-il le conserver ? Après une longue discussion, les responsables syndicaux qui gèrent l'assurance maladie ont répondu hier par l'affirmative. Ils ont même décidé de donner une seconde chance au carnet de santé, en lançant, à la prochaine rentrée de septembre, une nouvelle campagne de promotion. En revanche, et malgré les pressions du patronat en ce sens, ils ont refusé de prévoir des sanctions en cas de non-présentation du carnet. Eviter la surconsommation. Lancé officiellement l'année dernière, le carnet de santé est l'une des innovations du plan Juppé pour limiter les dépenses de santé. Il est destiné à recueillir toutes les informations médicales sur le patient. Tout en permettant un meilleur suivi des soins par le médecin, il était censé éviter les consultations multiples, les examens inutiles, car déjà effectués, et plus généralement la surconsommation de soins. Mais, à l'époque, le gouvernement n'avait pas osé pousser la logique à son terme et rendre la présentation du carnet obligatoire. Résultat, si, en théorie, le carnet est bien obligatoire, en pratique, aucune sanction n'est prévue en cas de non-présentation. Le gouvernement Juppé avait alors pris le risque de lancer une coûteuse opération - l'édition du carnet et son envoi aux 45 millions d'assurés ont nécessité un budget de 200 millions de francs - pour un résultat bien improbable. Un bilan mitigé. Au vu du bilan très mitigé d'un an d'utilisation, le patronat, cogestionnaire de l'assurance maladie, a plaidé pour que l'on sanctionne la non- présentation du carnet, par exemple sous forme de moindre remboursement. Ses partenaires syndicaux ne l'ont pas suivi jusque-là. « Le carnet, même facultatif, n'avait pas si mal démarré », rétorque-t-on à la Caisse d'assurance maladie. D'ailleurs, l'enquête de la Cnam indique que sa légitimité n'est pas contestée et qu'il est utilisé par les personnes âgées, celles-là même qui étaient visées par la mesure. Violentes réactions. « On n'a pas suffisamment soutenu cette affaire pendant les six premiers mois. Et le message a été brouillé par la détérioration des relations entre les responsables de l'assurance maladie, d'une part, et les médecins, d'autre part », constate-t-on à la CFDT, qui gère l'assurance maladie. Les responsables de la Caisse se sont donc contentés de voter une relance du carnet, sous forme d'une nouvelle campagne de promotion. Sans doute n'ont-ils pas le choix. Rendre le carnet contraignant aurait inévitablement entraîné de violentes réactions de la part des médecins. Déjà, en signant un accord avec les généralistes pour mettre en place un contrat de fidélité entre le médecin et son patient, la Caisse s'est attirée les foudres du syndicat des spécialistes, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Elle ne pouvait se permettre d'ouvrir un second front avec le carnet de santé. Isabelle de Gaulmyn
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