INVESTISSEMENTS + Le Crédit Local de France plaide pour un « choc psychologique »

Les collectivités locales feraient-elles un complexe face à l'investissement ? Pierre Richard, président du Crédit Local de France, n'est pas loin de le penser. Cet observateur attentif de la gestion des collectivités territoriales a déploré hier, à l'occasion de la présentation de la note de conjoncture du CLF sur les finances locales, la « stagnation généralisée des investissements en France, lanterne rouge de l'Europe en pourcentage de PIB ». A l'instar des entreprises, les collectivités locales « se bornent à maintenir leurs investissements ». Une attitude jugée frileuse, alors que « la France prend un retard dramatique dans les technologies de l'information, là où se créent des emplois ». Maîtrise de la gestion. Cette frilosité apparaît d'autant plus singulière que la situation financière des collectivités locales se révèle globalement saine. Pour le CLF, les données financières les plus récentes confirment à la fois une meilleure maîtrise des dépenses de gestion, le dynamisme de la fiscalité locale en dépit du ralentissement de la hausse des taux et l'amélioration de la capacité de financement. La modération des dépenses de gestion (+ 3,9 % en 1997) trouve son origine dans la maîtrise des frais de personnel, des dépenses d'aide sociale et la réduction des frais de fonctionnement. S'agissant de la fiscalité, alors que les taux avaient, à eux seuls, progressé de 4 % en moyenne en 1996, la hausse du produit des quatre taxes (habitation, foncier, foncier non bâti, taxe professionnelle) devrait atteindre 4,7 % cette année, due pour l'essentiel à la progression des bases. Les taux ne devraient pas progresser de plus de 1,5 %. Enfin, l'évolution des taux du marché monétaire - plus de 10 % en 1993, 3,5 % en 1997 (soit une baisse de plus de 60 %) - a permis aux collectivités de réduire considérablement le poids de l'annuité de la dette dans leurs budgets. Et le rythme de l'accroissement de la dette a singulièrement fléchi, au point que le « flux net de dette » (emprunts moins remboursements) est de 2 milliards seulement cette année, contre 37 milliards en 1993. « Le paradoxe, note le CLF, c'est que le recul de l'emprunt se produit au moment où il est le moins onéreux ! » Les investissements locaux ont ainsi diminué de quelque 20 milliards en deux ans. Surendettement : un mythe. « Les conditions sont réunies pour relancer les investissements », affirme Pierre Richard qui a écrit au gouvernement « pour lui dire que si l'on veut aider à relancer l'investissement, il faut une véritable rénovation du discours sur les collectivités locales pour leur permettre d'oser entreprendre en France ». Pour le président du CLF, le surendettement des collectivités est un mythe. « Nous avons besoin d'un choc psychologique pour décomplexer les collectivités face à l'investissement. » Outre la satisfaction des citoyens dans quelques domaines essentiels (transports, environnement...), Pierre Richard souhaite voir le gouvernement inciter les collectivités à appuyer l'essor des nouvelles technologies. H. L.
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