CONJONCTURE + La croissance dépasserait 3 % en 1998, selon la Sfac

« Voilà bien longtemps qu'autant d'éléments n'ont pas été réunis, qu'un tel faisceau ne s'est rencontré allant dans le sens d'un rebond plus net, d'un retournement conjoncturel donnant à la France une des croissances les plus fortes de toute l'Europe en 1998 », peut-on lire dans le dernier bulletin de la Société Française d'Assurance crédit (Sfac). Le commerce mondial est florissant et devrait le rester, le retournement des prix sur les marchés des matières premières et des biens intermédiaires devrait rapidement conduire les entreprises à reconstituer leurs stocks, le bas niveau des taux d'intérêt stimule la demande de crédits et la consommation et toutes les conditions semblent être rassemblées pour un redémarrage de l'investissement. L'humilité est de mise. La croissance, légèrement supérieure à 2 % cette année, pourrait s'accélérer à 3 %, voire 3,5 %, l'an prochain, estime la Sfac. La mariée ne serait-elle pas un peu trop belle ? Philippe Chalmin, directeur des études de la Sfac, dont les prévisions n'ont jusqu'ici jamais péché par optimisme, en convient. Ce scénario rose repose en effet sur une reprise de l'investissement des entreprises. Or, en la matière, l'humilité est de rigueur. « Depuis trois ans, la plupart des économistes - et nous-mêmes - annoncent pour immédiate la reprise de l'investissement des entreprises. Et, depuis trois ans, nous nous trompons avec une dramatique régularité », reconnaît Philippe Chalmin. Un pari risqué. Toutes les conditions semblent pourtant réunies pour que l'investissement redémarre enfin : des trésoreries reconstituées, des taux d'intérêt faibles, des carnets de commandes plus abondants, un taux d'utilisation des capacités de production qui augmente et, enfin, « la généralisation de la révolution technologique dans le domaine de l'informatique - les technologies de l'information - qui est le véritable moteur de la croissance outre-Atlantique depuis cinq ans ». Ajoutons à cela, pour toutes les entreprises, la perspective des chantiers « passage à l'euro » et « an 2000 informatique » qui seront justement des occasions de modernisation des technologies existantes. Partant, l'investissement des entreprises progresserait de 2,3 % cette année, mais pourrait s'accélérer à 6 % l'an prochain. Mais « c'est là le pari le plus risqué de toute notre prévision », reconnaît la Sfac, qui n'écarte pas une nouvelle stagnation (1 %) de l'investissement l'an prochain, si les mesures prises pour l'emploi, notamment le passage au 35 heures, freinent un peu plus la propension à investir. En outre, le relèvement - évoqué par le ministre de l'Economie, Dominique Strauss-Kahn - de l'impôt sur les sociétés qui réalisent de confortables bénéfices pourrait accentuer le recul des investissements étrangers en France, qui sont passés de 118 milliards en 1995 à 104 milliards en 1996. « On ne peut donc exclure une croissance molle de l'ordre de 2 % à 2,5 % en 1998, qui exacerberait un peu plus les tensions sociales, conclut la Sfac. La différence entre ces deux extrêmes - une croissance de 3,5 % ou 2,5 % - n'est pas bien grande et elle tient pour beaucoup à la manière dont seront, dans les prochains mois, gérées les affaires publiques. » Xavier Harel
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