Lionel Jospin n'exclut pas de consulter le pays sur le passage à l'euro

Lionel Jospin a implicitement évoqué, hier sur France 2, l'hypothèse d'une consultation des Français sur la monnaie unique. « S'il faut faire des choix, si on ne peut concilier » les impératifs contradictoires de la monnaie unique et de la lutte contre le chômage, « je présenterai les éléments de ce choix au pays ». Celui-ci « nous aidera à trancher ». Pour l'heure, Lionel Jospin s'engage à la fois à « redresser » les déficits publics laissés par Alain Juppé et à lutter pour l'emploi. Le Premier ministre entend quoi qu'il en soit parler aux Français « avec vérité » mais aussi « avec des priorités ». « Ce sera étroit, ce sera difficile [...] mais nous le ferons en ne cachant rien », a-t-il insisté, demandant à être jugé « sur les actes ». Interrogé sur sa politique de privatisations, Lionel Jospin a témoigné d'une certaine ouverture. Il a implicitement confirmé la possibilité d'une privatisation du GAN dès cette année. « Je ne suis pas sûr que l'Etat ait vocation à sans cesse renflouer des institutions financières en difficulté », a-t-il déclaré. Le GAN fait bien partie des « institutions financières en difficulté ». Au-delà, l'idée est bien de voir les dossiers au cas par cas, de se montrer « assez souple » sans chercher la privatisation systématique. Quant aux mesures de hausses d'impôt évoquées, Lionel Jospin a refusé de préciser quoi que ce soit, affirmant que « rien n'est décidé ». Tout juste a-t-il déclaré que « si des efforts doivent être faits, ils devront être équitablement répartis ». Ceux qui « tirent leur épingle du jeu devront faire des efforts », a-t-il dit, confirmant implicitement la taxation accrue des ménages aisés (voir ci-dessous). Aux Français pressés de voir le gouvernement tenir ses engagements de campagne, notamment sur le chantier prioritaire de l'emploi, Lionel Jospin a répondu qu'il n'avait guère perdu de temps depuis son arrivée à Matignon puisqu'il avait pris des mesures « tout de suite », notamment la hausse du Smic et la revalorisation de l'allocation de rentrée scolaire. Ces mesures auront « un effet rapide sur la consommation », donc sur l'emploi, a-t-il souligné. Le Premier ministre a affirmé qu'« à partir de l'automne, on verra les premiers emplois jeunes se mettre en place ». Il entend « prendre le temps qu'il faut » et a demandé à ses ministres, notamment à Martine Aubry, le ministre de l'Emploi, de travailler tout l'été pour qu'« à la rentrée, les dispositifs soient prêts ». Le Premier ministre a précisé que la conférence sur l'emploi, les salaires et le temps de travail, qui doit se tenir en septembre, avait pour but d'« ouvrir le cadre et la méthode pour traiter de la réduction du temps de travail en France ». Lionel Jospin a confirmé la détermination du gouvernement de mener à son terme la réforme des allocations familiales. Lors de son discours de politique générale, Lionel Jospin avait annoncé le projet de soumettre les prestations familiales à des conditions de ressources, en citant le plafond de 25.000 francs par mois. Pour le Premier ministre, cette proposition, inscrite dans le programme socialiste de la campagne présidentielle en 1995, est « une mesure de justice » et « les Français l'ont compris ». Cette réforme ne visera qu'« une petite minorité de familles très aisées ». « Nous tiendrons compte du nombre des enfants », a expliqué le Premier ministre, qui s'est toutefois défendu de vouloir étendre la mise sous condition de ressources à d'autres prestations sociales. « Nous n'avons pas imaginé pour le moment de systématiser cela, a-t-il déclaré. La justice, ce n'est pas l'égalitarisme. C'est parfois donner plus à ceux qui ont le moins... »
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